L'obésité canine n'est pas uniquement une affaire d'alimentation. Une récente étude menée par des chercheurs de l'Université de Cambridge dévoile qu'un gène spécifique, identifié chez les labradors et les golden retrievers, joue un rôle majeur dans l'obésité canine. Ce gène, nommé DENND1B, affecte également l'obésité chez l'homme, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives de recherche médicale.
Un gène commun identifié chez chiens et humains
L'étude, publiée dans la revue Science, s'appuie sur des prélèvements d'ADN réalisés sur 241 labradors retrievers et 250 golden retrievers. Les chercheurs ont comparé la génétique de chiens minces à celle de chiens en surpoids. Cinq gènes majeurs ressortent de cette analyse, avec en tête le gène DENND1B, directement lié à la prise de poids. "Environ la moitié des labradors sont obèses, mais on accuse souvent leurs maîtres sans réaliser qu'ils peuvent simplement avoir plus d'appétit", explique Philippe Froguel, professeur au CHU de Lille et coauteur de l'étude.
Cette découverte bouleverse la manière d'aborder la question de l'obésité chez les chiens et les humains, car elle démontre clairement un lien génétique commun. "Nous avons constaté que ce gène est aussi présent chez l'humain", précise Eleanor Raffan, chercheuse à l'Université de Cambridge.
Une influence directe sur la satiété et l'appétit
Le gène DENND1B agit directement sur la régulation de la satiété par l'intermédiaire d'une voie cérébrale appelée voie leptine-mélanocortine. Chez les chiens comme chez les humains porteurs de ce gène, la sensation de faim est accentuée. "Les chiens à risque génétique élevé d'obésité sont effectivement plus intéressés par la nourriture", souligne Natalie Wallis, co-autrice principale de l'étude.
Xavier Prieur, chercheur à l'Inserm, confirme l'importance de ce mécanisme : "Les individus porteurs de cette mutation génétique présentent une dérégulation de la satiété. Ce qu'ils mangent ne procure pas le même sentiment de satiété que chez ceux qui n'ont pas cette mutation". Ainsi, la génétique influe directement sur l'appétit et la prise de poids, invalidant l'idée que l'obésité résulte uniquement d'un manque de volonté ou d'une alimentation trop importante.
Des implications majeures pour le traitement de l'obésité
Cette découverte ouvre potentiellement la voie à de nouveaux traitements contre l'obésité. Pourtant, les chercheurs restent prudents : "Les gènes identifiés jouent un rôle fondamental dans l'organisme, et ne sont pas des candidats évidents pour des médicaments", avertit Alyce McClellan, co-première autrice de l'étude. Toutefois, les résultats permettront d'affiner les traitements existants ciblant ces voies cérébrales.
"Cela prendra du temps", avertit Philippe Froguel, rappelant que l'identification en 1998 du gène MC4R, lié à l'obésité humaine, n'a conduit à un médicament efficace qu'il y a deux ans. Cette étude, bien que préliminaire, marque une avancée significative dans la compréhension du rôle génétique dans l'obésité, soulignant que "les propriétaires de chiens en surpoids ne sont pas moralement inférieurs, tout comme les personnes obèses. Ils doivent simplement fournir beaucoup plus d'efforts pour maintenir un poids santé", conclut Eleanor Raffan.

La rédaction d'Assurland