En 2023, le marché de l’assurance cyber en France a connu une transformation notable. Contrairement aux prévisions pessimistes, les tarifs ont baissé et la sinistralité a fortement diminué. Ce revirement a surpris de nombreux experts du secteur.
Évolution des tarifs et des franchises
Selon l'Amrae (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise), l'année 2023 a été marquée par une baisse significative des primes d’assurance cyber. Pour les entreprises de taille moyenne, le prix moyen des contrats a reculé de 7 %, atteignant environ 5 400 euros par an. De plus, la franchise, c’est-à-dire la part des coûts supportée par l'assuré, a été réduite de deux tiers, passant à 15 000 euros. Cette réduction s'explique par une augmentation du nombre d'entreprises souscrivant une assurance cyber, sans pour autant entraîner une hausse proportionnelle des sinistres.
Les grandes entreprises, qui dominent ce marché, ont également bénéficié de cette tendance. Leurs primes ont diminué de 12 %, tandis que les petites entreprises ont enregistré une baisse spectaculaire de 69 %. Ces baisses reflètent un climat plus compétitif et une meilleure maîtrise des risques par les assureurs.
Diminution de la sinistralité
Une des raisons majeures de la baisse des primes est la réduction de la sinistralité. En 2023, le coût total des sinistres a chuté de 46 %, passant de 71 millions d’euros en 2022 à 38 millions d’euros. Pour la première fois, aucun sinistre supérieur à 10 millions d’euros n'a été enregistré. Pour les grandes entreprises, cette baisse a été de 45 %, pour les ETI de 48 %, et pour les entreprises de taille moyenne de 68 %.
Ce recul est attribué à des efforts accrus de prévention des risques, à une meilleure formation des collaborateurs et à des systèmes de sécurité renforcés dans les entreprises. La 9e édition du baromètre 2023 du Cesin (Club des experts de la sécurité de l'information et du numérique) indique que 70 % des entreprises interrogées ont souscrit une cyberassurance, et 57 % comptent renouveler leur contrat.
Défis et perspectives du marché
Malgré ces développements encourageants, le marché de l’assurance cyber en France reste fragile et sujet à des fluctuations. En termes de chiffres, le volume total des primes en France a légèrement augmenté, passant de 316 millions d’euros en 2022 à 328 millions d’euros en 2023. Cette faible évolution pourrait rapidement être compromise par deux ou trois sinistres majeurs dans un contexte géopolitique tendu. Philippe Cotelle, président de la commission cyber de l’Amrae, souligne que "le montant total de 328 millions de primes pourrait être englouti par deux ou trois sinistres majeurs".
Le nombre de grandes entreprises assurées est resté stable à 280, montrant une saturation de ce segment. En revanche, les entreprises de taille intermédiaire et moyenne ont considérablement augmenté leur souscription, avec une croissance de 47 % et 73 % respectivement. Toutefois, trois quarts des entreprises assurées n'ont jamais fait appel à leur cyberassurance, ce qui suggère que de nombreux incidents sont gérés en interne sans atteindre les seuils de franchise.
Philippe Cotelle, de l’Amrae, souligne que le développement du marché pourrait suivre deux voies : augmenter les sommes assurées par les grandes entreprises ou accroître le nombre d’entreprises assurées dans les autres catégories. En 2023, le ratio sinistres/primes a diminué, passant de 22 % en 2022 à 12 % en 2023, signe que le marché s’assouplit et devient plus attractif. Cette évolution pourrait encourager davantage d’entreprises à souscrire une assurance cyber, améliorant ainsi la résilience globale du marché face aux menaces croissantes.

La rédaction d'Assurland