Pour la première fois, l'assurance-vie en France franchit la barre symbolique des 2 000 milliards d'euros d'encours en janvier 2025. Cette dynamique exceptionnelle, marquée par une collecte nette record, révèle la confiance intacte des épargnants français dans ce placement privilégié face aux incertitudes économiques et à la baisse des taux du Livret A.
Une collecte record de 17,3 milliards d'euros en janvier
En janvier 2025, les versements effectués sur les contrats d'assurance-vie atteignent le chiffre inédit de 17,3 milliards d'euros, en hausse de 10 % par rapport à l'année précédente. Simultanément, les prestations versées (rachats et décès) diminuent de 6 % à 12,8 milliards d'euros, portant la collecte nette à 4,5 milliards d'euros, un niveau inégalé depuis janvier 2010.
Selon Paul Esmein, directeur général de France Assureurs, "on observe au mois de janvier la poursuite de la dynamique porteuse qu'on avait observée toute l'année 2024, qui se traduit notamment par un niveau de collecte historique". Cette attractivité de l'assurance-vie reflète la prudence des ménages dans un contexte d'incertitude économique, de tensions géopolitiques, et alors que les rendements des livrets réglementés diminuent.
Fonds euros et unités de compte : des résultats contrastés
La répartition de cette collecte révèle deux tendances divergentes. Les unités de compte (UC), placements risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, enregistrent une collecte nette positive de 5,2 milliards d'euros. A contrario, les fonds en euros, garantis en capital, perdent 600 millions d'euros sur la même période.
Pourtant, selon Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Good Value for Money, "les UC de nature gestion profilée prudente et gestion profilée modérée confirment année après année qu'elles n'ont aucun intérêt pour l'épargnant". Seules les unités de compte aux profils agressifs démontrent une performance réellement supérieure aux fonds euros sur longue période.
Les fonds en euros bénéficient toutefois d'un retour en grâce avec à leur rendement moyen estimé à 2,5 % en 2024. Ils représentent toujours environ 72 % des encours totaux de l'assurance-vie. À titre comparatif, ces fonds ont généré environ 36 milliards d'euros d'intérêts en 2024, soit environ 1 900 euros par épargnant, trois fois plus que le Livret A.
Un encours record porté par les marchés financiers
Le montant record de l'encours, qui atteint précisément 2 020 milliards d'euros fin janvier 2025, doit aussi beaucoup à la bonne tenue des marchés financiers. Le CAC40, par exemple, a enregistré en janvier une hausse exceptionnelle de 7,72 %, sa meilleure performance depuis deux ans, stimulant mécaniquement la valorisation des UC.
Au total, les placements en titres d'entreprises représentent 63,2 % des encours globaux, répartis principalement entre actions (23,1 %), obligations (35 %), et immobilier d'entreprises (5,1 %). Concernant spécifiquement les UC, cette part investie en entreprises atteint même 82,7 %, dont plus de la moitié en actions.
Face à ces résultats impressionnants, le gouvernement envisage déjà de mobiliser cette épargne privée vers des secteurs stratégiques comme la défense. Un "livret spécifique défense", inspiré du modèle des livrets réglementés existants, pourrait bientôt voir le jour, selon des annonces prévues par Bercy pour le 20 mars prochain.

La rédaction d'Assurland