Alors que le Livret A connaît une désaffection inédite depuis plus de quinze ans, l'assurance vie enregistre des niveaux de collecte record. En cause : un rendement en berne et une perte d'attractivité du placement favori des Français. Cette dynamique pousse de plus en plus d'épargnants à reconsidérer leur stratégie, au profit de l'assurance vie, perçue comme une solution plus rentable à long terme.

Un mois d'avril historique pour le Livret A... dans le mauvais sens

Le mois d'avril 2025 a marqué un tournant pour le Livret A. Pour la première fois depuis 2009, les retraits ont excédé les dépôts à hauteur de 200 millions d'euros, selon les chiffres publiés par la Caisse des Dépôts. Seul avril 2015 avait connu un tel déséquilibre, mais dans une proportion moitié moindre (-100 millions d'euros).

Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a, lui, connu une collecte nette de 310 millions d'euros, ce qui reste très en deçà des performances passées. Ensemble, ces deux livrets ont engrangé 3,6 milliards d'euros entre janvier et avril 2025, contre 11,3 milliards sur la même période un an plus tôt.

Le Livret d'épargne populaire (LEP), pourtant réservé aux ménages modestes, n'a pas été épargné. Il a subi une décollecte de 1,96 milliard d'euros en avril, contre seulement 270 millions en avril 2024. Un recul qui s'explique en partie par les clôtures annuelles de comptes pour les détenteurs ne remplissant plus les critères de ressources.

Un rendement réel en déclin qui pèse sur l'attractivité

La baisse du taux de rémunération du Livret A a été décisive. Depuis le 1er février, son taux est passé de 3 % à 2,4 %. Ce niveau, jugé insuffisant au regard de l'inflation, réduit considérablement son rendement réel. En 2024, avec une inflation à 2 %, le rendement réel s'établissait déjà à seulement 1 %.

De nombreux épargnants se demandent alors pourquoi épargner quand le taux de rémunération n'est plus que de 2,4 %, d'autant qu'il pourrait chuter à 1,7 % dès le mois d'août, accentuant le désamour pour ce placement historiquement populaire.

Dans ce contexte, les livrets réglementés peinent à conserver leur statut de valeur refuge. Malgré un encours toujours élevé, (444 milliards d'euros pour le Livret A et 162,7 milliards pour le LDDS) l'essoufflement de la collecte témoigne d'un changement de comportement de la part des Français.

L'assurance vie : une alternative plus rentable, mais pas sans risques

À l'opposé de cette tendance, l'assurance vie retrouve des couleurs. Selon France Assureurs, les versements ont progressé de 1,9 milliard d'euros sur les trois premiers mois de l'année. "Les Français redéploient une partie de leur épargne de précaution vers des produits de long terme comme l'assurance vie, qui connaît un net rebond depuis le début de l'année", constate Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.

Ce regain d'intérêt s'explique notamment par la perspective d'un meilleur rendement. En 2024, les fonds en euros affichaient un taux moyen de 2,6 %, contre 2,4 % pour le Livret A. Et, contrairement à ce dernier, l'assurance vie n'offre pas toujours une garantie sur le capital, surtout pour les unités de compte. Ces supports, plus risqués, ont pourtant concentré l'essentiel de la collecte (+10 %).

Autre facteur différenciant : la fiscalité. Si le Livret A est exonéré d'impôt, les gains de l'assurance vie sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 % en cas de retrait avant huit ans. Ainsi, le rendement net réel d'un contrat d'assurance vie tombe autour de 1,82 % pour les fonds en euros. À noter aussi que les performances peuvent varier fortement d'un contrat à l'autre.



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