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Pourquoi parle-t-on de capitalisation des retraites et qui peut y gagner ?

24 janv. 2020 La Rédaction d'Assurland 746 vues

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Dans le climat actuel, difficile de ne pas avoir entendu parler de l'épineux sujet des retraites. Surtout que ce vendredi 24 janvier, le Conseil des ministres présente son projet de loi ! Réforme, système par points, répartition, capitalisation, grèves... Tout ces termes peuvent parfois créer la confusion. Assurland.com vous explique donc à quoi tout cela correspond, afin de vous permettre d'y voir plus clair.

Retraite par répartition ou par capitalisation : qu'est-ce que ça veut dire ?

Il faut d'abord se demander comment fonctionne vraiment le système de retraites en France. La France est un pays qui a mis en place un système de retraites par répartition. Le principe est assez simple : les actifs cotisent pour financer les pensions des retraités. Le système par capitalisation fonctionne différemment : les actifs peuvent choisir d'épargner en vue de leur retraite. Les capitaux épargnés sont placés sur des fonds de pensions de retraite.

En France, les deux systèmes coexistent, bien que le système par capitalisation soit aujourd'hui très anecdotique. Premièrement, il existe la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP), qui est obligatoire et a été mise en place par François Fillon entre 2003 et 2005. Officiellement, le régime a été présenté comme un régime par répartition, mais la CGT le perçoit comme un régime par capitalisation en tant qu'il est un fonds de pension.

Il existe également d'autres dispositifs de retraite par capitalisation, mais aucun n'est obligatoire. Ce sont les produits d'épargne-retraite que peuvent proposer certains assureurs, banques ou bancassureurs. Aujourd'hui, 12,5 millions de Français sont titulaires de tels produits. La valeur totale des encours est estimée entre 230 et 240 milliards d'euros, que la loi Pacte devrait amener à 300 milliards d'ici 2022. En 2018, la collecte de ces produits d'épargne a été de 6,6 milliards d'euros en 2018. À titre indicatif, 325 milliards d'euros de pensions de retraites ont été distribués, toujours en 2018 (données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)). La valeur de l'assurance vie, premier placement des Français est de presque 1 800 milliards d'euros ; celle des livrets réglementés (A et LLD) est de 400 milliards.

Comparons maintenant la France à quelques pays voisins. Ces 230 milliards placés dans des produits d'épargne-retraite ont une valeur équivalente à 10 % du PIB national. En Allemagne, ils sont équivalents à 7 % du PIB allemand. Mais la situation est très différente dans quelques pays :

  • Danemark : 198 % du PIB ;
  • Pays-Bas : 173 % ;
  • Islande : 161 % (chiffres de l'étude de l'OCDE Pension at a glance 2019).
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De la loi Pacte à la réforme des retraites

Alors, pourquoi dit-on que le gouvernement LREM pousse-t-il à la capitalisation ? Remontons à un peu moins d'un an, lors de la réforme de l'épargne-retraite à travers la loi Pacte. Cette loi avait pour objectif de simplifier et d'assouplir l'épargne-retraite, en unifiant les différents produits proposés (Perp, Madelin...) sous un même régime de fiscalité. Les anciens produits devraient d'ailleurs disparaître d'ici la fin de l'année 2020, bien qu'ils pourront toujours être abondés par leurs détenteurs.

Avec les nouveaux produits, il est possible d'opérer une sortie en capital, c'est-à-dire récupérer l'intégralité de son épargne en une fois et pas nécessairement en rente. Le souscripteur à ce type de contrats pourra choisir différents supports financiers, dont un en fonds en euros garanti. Néanmoins, le fonds en euros étant en chute libre, sa rémunération est très faible et les gestionnaires de fonds préfèrent inciter leurs sociétaires à investir sur des placements plus rémunérateurs mais plus risqués et non-garantis (les unités de compte ou UC). Sans rentrer dans le détail, ces nouveaux plans épargne-retraite individuels (PERin) seront fiscalement avantageux pour les plus gros contribuables, à partir de la tranche d'imposition à 30 %.

Tout cela nous amène désormais à aborder la nouvelle réforme des retraites. Le gouvernement désire conserver un système par répartition. En l'état actuel des choses, la réforme ne « casse » pas ce système. En effet, le système par points ne contrevient pas au principe de répartition tel que décrit au début de cet article. En revanche, de nombreux syndicats et médias d'opposition reprochent au gouvernement Philippe de pousser peu à peu à la capitalisation, en particulier à la capitalisation de l'épargne-retraite des classes plus aisées. D'où les critiques acerbes envers BlackRock, un gestionnaire de fonds américain aux actifs de 7 000 milliards de dollars. « BlackRock souffle ses conseils pour la capitalisation à l'oreille du pouvoir », écrivait Médiapart. « Un géant américain de la finance à l'assaut des retraites des Français », accusait L'Humanité.

De nouveaux plafonnements pour les cotisations solidaires

Mais qu'est-ce qui, dans cette réforme, pousserait réellement à la capitalisation des retraites françaises ? Outre l'unification de certains régimes de retraites, cette réforme prévoit d'abaisser le plafond de ce que l'on nomme la « participation solidaire ». Encore aujourd'hui, seuls ceux qui disposent de revenus annuels bruts supérieure à 320 000 euros cotisent pour cette participation solidaire (i.e. ils cotisent mais ne toucheront aucune pension une fois leur activité arrêtée). La réforme veut abaisser ce palier à 120 000 euros bruts par an. « Le régime universel est fondé sur la solidarité nationale, jusqu’aux 120.000 euros annuels tout le monde cotisera au même taux pour s'ouvrir des droits dans la limite de ce montant. Et au-delà de ce montant, les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevée qu'aujourd’hui (2,8%) qui financera non plus des droits pour eux, mais des mesures de solidarité pour tout le monde. C'est un effort qui me paraît juste, tout le reste n'est que littérature », alléguait le Premier ministre Édouard Philippe suite aux accusations.

De facto, cette réforme pousse bien à la capitalisation, en particulier pour ceux qui se situent entre 120 000 et 320 000 euros bruts annuels, c'est-à-dire 300 000 actifs. De manière plus spéculative, on pourrait aussi penser qu'une baisse progressive et généralisée des pensions de retraite amènerait une part des actifs à se tourner vers des produits d'épargne-retraite afin de constituer un pécule supplémentaire, qui compenserait une diminution des pensions. En outre, l'incertitude des Français autour du système par points et des retraites en général les orienterait potentiellement vers des placements d'épargne. En d'autres termes, si la confiance des Français est au plus bas concernant le système de retraites, ils se dirigeront in fine vers des placements de capitaux à long terme.

Qui est intéressé par l'ouverture d'un nouveau marché de l'épargne-retraite ?

Nous en venons donc à la question qui fâche : quels acteurs profiteront de cette capitalisation des retraites ? La réponse est assez simple et, pour la connaître, il suffit de se demander qui gère les placements des épargnants en France et dans le monde. Ce sont bien entendus les gestionnaires de fonds et leurs partenaires sous différentes formes : banques, assureurs, bancassureurs, assurtechs, fintechs...

Les premiers concernés par la capitalisation seront ceux qui proposent des contrats d'épargne-retraite. En France, on trouve donc (données : classement 2019 de l'épargne retraite par L'Argus de l'assurance) : Axa (44 217 millions d'euros d'encours en épargne-retraite), CNP Assurances (35 737 millions), AG2R La Mondiale (29 039 millions), Generali (19 804 millions), Groupama (16 516 millions), Allianz (16 175 millions), le Crédit Agricole (15 484 millions), et bien d'autres. Les effets de la loi Pacte et de la réforme des retraites se font bien sentir : de plus en plus d'acteurs proposent des produits d'épargne-retraite.

Et au vu des remous médiatiques actuels, difficile de ne pas mentionner BlackRock. « Le président de la République et le gouvernement sont prêts à bloquer durablement le pays, à faire vivre aux Français, qu'ils soient grévistes ou non, des jours difficiles, pour une réforme qui n'est approuvée que par le seul Medef et plus exactement par le haut du panier du patronat. (...) Cela, le patronat le voulait, le pouvoir le veut en se conformant, comme on l'a révélé, à la check-list du fonds de pension BlackRock. Il le veut et il le tente », s'insurgeait l'Humanité. Il faut dire que BlackRock n'a jamais démenti son intérêt pour les retraites des Français : « Fin 2017, seuls 130 milliards d'euros avaient été collectés dans ces produits [d'épargne retraite], ce qui est décevant par rapport à l'épargne déposée en liquidités [1 500 milliards d'euros], les produits d'assurance-vie en euros [1 600 milliards d'euros] ou les investissements directs/indirects en actifs non financiers [plus de 7 600 milliards d'euros] », communiquait l'entreprise dans une note.

Mais en définitive, il serait bien contradictoire pour un gestionnaire de fonds de ne pas être à l'affût de potentiels capitaux, qu'ils se situent en France ou ailleurs. Rappelons également que seuls 300 000 salariés seront directement concernés par la capitalisation impliquée par la réforme. Et on estime à trois milliards d'euros par an la part potentielle pouvant revenir à des fonds privés d'épargne retraite. C'est 1 % des cotisations actuelles. D'après les dires de l'économiste libéral Jean-Charles Simon, « c'est une marché modeste mais aussi très hypothétique. Si les cadres ne paient plus ces cotisations, rien ne dit qu'ils décideront d’épargner et qu’ils choisiront l'épargne retraite. Admettons que cela génère un flux d’un milliard par an et que 10% seraient placés en ETF BlackRock, cela ferait un enjeu de revenus annuels de 500.000 euros pour BlackRock… Modeste pour un complot », conclue-t-il.

Effectivement, rien n'indique que les Français qui se décideront à épargner pour compenser une baisse des pensions s'orienteront nécessairement sur de l'épargne-retraite. On sait par exemple qu'aujourd'hui en France, un investissement immobilier sur quatre est destiné à la location. L'assurance vie est en plein chamboulement, mais restera très probablement un placement privilégié dans l'Hexagone. Les spéculations restent toutefois ouvertes.

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