Un nouveau carburant baptisé E20 fait son apparition en Europe, à commencer par l'Allemagne. Mélangeant 20 % de bioéthanol et 80 % d'essence sans plomb, ce carburant séduit par son prix compétitif et son impact environnemental réduit. Mais alors que l'électrification du parc automobile progresse lentement, l'E20 pourrait-il représenter une alternative viable ? Rien n'est moins sûr : problèmes de compatibilité, risques mécaniques, cadre réglementaire flou... les réserves s'accumulent autour de ce carburant encore en phase d'expérimentation.

Un carburant économique et moins polluant

Testé depuis peu à Mannheim, une ville allemande proche de la frontière française, l'E20 vient compléter la gamme de carburants déjà disponibles comme l'E5, l'E10 et l'E85. Selon les estimations, l'E20 permettrait de réduire les émissions de CO₂ de 16 % par rapport à l'essence classique. Une version enrichie à 25 % de bio-naphta – un hydrocarbure produit à partir de biomasse – pourrait même atteindre une baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.

Ce potentiel environnemental intervient à un moment stratégique : l'électrique peine encore à s'imposer, notamment en Allemagne où 40 millions de véhicules thermiques circulent encore. L'E20 apparaît alors comme une option intermédiaire crédible pour verdir le parc roulant, tout en restant accessible pour les automobilistes. Autre atout : son prix, annoncé presque deux fois moins élevé que celui des carburants traditionnels.

Une compatibilité technique qui divise

Mais cette innovation soulève des inquiétudes majeures. Si de nombreux modèles récents peuvent théoriquement utiliser l'E20, ce n'est pas le cas de tous les véhicules, notamment les plus anciens. En cause : la teneur élevée en éthanol, plus corrosif que l'essence pure, qui pourrait détériorer certains matériaux sensibles, joints, durites ou éléments métalliques.

À ce jour, aucun constructeur automobile européen n'a officiellement certifié de véhicules compatibles avec l'E20. Contrairement à l'E10, pour lequel l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles) avait établi une liste des modèles compatibles, aucune base officielle n'existe pour l'E20. Cela soulève de réelles craintes côté consommateurs. "Nous vous conseillons tout de même de ne pas vous précipiter pour faire le plein d'E20, avant que la situation officielle ne soit clarifiée", recommandent certains experts.

Par ailleurs, l'ADAC – l'une des plus grandes associations automobiles allemandes – alerte également sur une hausse de la consommation, estimée à environ 3 % avec l'E20, du fait de son pouvoir calorifique inférieur. Un détail non négligeable, même si le prix du carburant reste attractif.

Un cadre réglementaire encore à bâtir

La généralisation de l'E20 ne pourra pas se faire sans une évolution du cadre réglementaire. À l'heure actuelle, la norme européenne limite la teneur en éthanol des carburants à 10 %. Pour permettre la commercialisation de l'E20 à grande échelle, une révision de cette norme ou la création d'une nouvelle serait indispensable.

L'ADAC appelle d'ailleurs à des ajustements en ce sens : "Il faut adapter les normes de qualité actuelles ou en définir de nouvelles pour permettre une utilisation plus large de l'E20". En parallèle, les constructeurs devront valider officiellement la compatibilité technique de leurs véhicules. Pour l'ADAC, ces étapes sont indispensables pour rassurer les automobilistes et favoriser leur adhésion.

Le précédent de l'E10 reste dans toutes les mémoires : malgré un prix plus bas, son lancement avait suscité méfiance et rejet, notamment à cause du manque d'informations claires sur la compatibilité et les effets mécaniques sur les voitures thermiques. L'E20 devra surmonter les mêmes freins pour espérer s'imposer durablement dans les stations-service européennes.



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