Le leasing social fera son retour à l'automne 2025, mais dans un format profondément révisé. Financé par des acteurs privés via les certificats d'économies d'énergie (CEE), le dispositif sera recentré sur les ménages modestes et intègrera un quota dédié aux zones à faibles émissions (ZFE). Malgré des aides réduites et des critères plus stricts, l'exécutif espère relancer un programme jugé stratégique sur les plans social, environnemental et industriel.
Une aide toujours ciblée, mais des conditions plus strictes
Le leasing social 2025 conserve son objectif initial : permettre à des ménages modestes d'accéder à un véhicule électrique neuf pour environ 100 euros par mois, sans apport initial. Pour en bénéficier, il faudra répondre à des critères d'éligibilité similaires à l'édition précédente :
- résider en France,
- disposer d'un revenu fiscal de référence inférieur à 15 400 euros par part,
- parcourir plus de 15 km entre le domicile et le travail, ou rouler plus de 8 000 km par an dans un cadre professionnel.
Le dispositif prévoit de financer 50 000 véhicules, dont 5 000 seront spécifiquement réservés à des travailleurs situés dans des zones à faibles émissions (ZFE). Cette nouveauté vise à atténuer les effets d'injustice sociale souvent reprochés à ces zones urbaines où les véhicules les plus polluants sont interdits. Le ministère de la Transition écologique précise que ce quota de 10 % pourrait évoluer selon les résultats de la consultation publique en cours.
Cependant, l'enveloppe globale d'aides a été revue à la baisse. Le montant maximal de soutien est désormais fixé à 11 380 euros par véhicule, contre jusqu'à 13 000 euros en 2024. Cette somme se compose de 7 380 euros financés via les CEE, auxquels s'ajoute un bonus écologique de 2 000 à 4 000 euros, selon les revenus du foyer.
Un financement privé via les CEE pour soulager les finances publiques
La grande nouveauté de cette édition repose sur le financement. L'État se retire du dispositif et laisse la main aux fournisseurs d'énergie, via le mécanisme des certificats d'économies d'énergie. Ces derniers, historiquement utilisés pour soutenir la rénovation énergétique, seront mobilisés pour financer la location de véhicules électriques, sous la supervision de l'Agence de la transition écologique (Ademe).
Le volume de CEE alloué est plafonné à 41 TWh cumac sur la période 2025-2030, soit un budget de 369 millions d'euros. Ce changement permet à l'État de préserver ses finances tout en maintenant l'incitation à l'achat de véhicules propres. Mais certains experts alertent déjà sur une possible répercussion de ce coût sur la facture énergétique des ménages, y compris ceux censés profiter du leasing.
En 2024, le financement public avait permis d'offrir des loyers attractifs : 40 euros/mois pour une Renault Twingo, 49 euros pour une Fiat 500e. Cette année, les loyers devraient augmenter, le gouvernement souhaitant se rapprocher de l'objectif initial de 100 euros par mois, même si aucune grille tarifaire officielle n'a encore été communiquée.
Des tensions avec les constructeurs et un avenir incertain
La filière automobile reste prudente face à ce nouveau montage. En 2024, plusieurs concessions avaient connu de sérieuses difficultés financières, faute de remboursement rapide des aides promises. "Certaines concessions avaient failli mettre la clé sous la porte", rappelle un acteur du secteur. Le changement de mode de financement fait craindre un nouvel imbroglio administratif.
Par ailleurs, les constructeurs déplorent que leurs recommandations n'aient pas été prises en compte. Ils réclamaient notamment l'ouverture du dispositif aux véhicules électriques d'occasion, plus nombreux et moins chers. Ce choix aurait permis de réguler le marché de l'occasion, qui risque d'être déstabilisé par le retour massif de modèles issus des premiers contrats de leasing.
Le gouvernement prévoit une convention avec l'Ademe et les financeurs privés pour préciser les modalités. L'avis du Conseil supérieur de l'énergie, attendu le 27 mai, conditionnera le lancement du programme. En attendant, les constructeurs comme Stellantis ou Renault restent en observation. Le retour du leasing social est confirmé, mais sa réussite dépendra de la mobilisation de tous les acteurs... et de leur confiance dans le dispositif.

La rédaction d'Assurland