En 2024, la route s'est révélée encore plus dangereuse pour des milliers de Français. Le Fonds de garantie des victimes (FGV) tire la sonnette d'alarme : les accidents impliquant des conducteurs non assurés ou en fuite sont en hausse. Le phénomène, qualifié de "préoccupant", soulève des questions tant sur le respect de la loi que sur la solidarité nationale, puisque ce sont les assurés qui financent l'indemnisation des victimes.
Une hausse inquiétante des accidents et des victimes
Selon le dernier baromètre du Fonds de garantie, dévoilé le 27 juin, le nombre de victimes blessées ou tuées dans des accidents causés par des conducteurs non assurés ou non identifiés a augmenté de 3,3 % en 2024. En tout, c'est près de 8 000 personnes concernées, dont 168 décès.
Cette progression est essentiellement liée à la recrudescence des délits de fuite, en hausse de 8,8 %. Parallèlement, les accidents causés par des conducteurs non assurés augmentent de 1,8 %, ce qui témoigne d'un phénomène persistant malgré l'obligation légale d'assurance.
Julien Rencki, directeur général du FGV, alerte : "Ne pas s'assurer, c'est véritablement le pire des paris". Il rappelle que, même si la majorité des 57 millions d'automobilistes français sont en règle, l'absence d'assurance représente une menace pour tous.
Une charge collective de 123 millions d'euros
En 2024, le Fonds de garantie a versé 123 millions d'euros pour indemniser les victimes. Bien qu'en léger recul par rapport à 2023 (137,4 millions), ce montant reste considérable. Il est entièrement financé par une taxe prélevée sur chaque contrat d'assurance automobile, ce qui fait dire au FGV que "la non-assurance est un fléau pour la collectivité".
Le nombre d'infractions pour défaut d'assurance a également explosé : 243 000 en 2024, soit une hausse de plus de 20 % en quatre ans. Ce chiffre est en partie dû à l'usage renforcé du Fichier des véhicules assurés (FVA) par les forces de l'ordre.
Mais pour les contrevenants, l'addition peut être encore plus lourde. Une fois l'indemnisation versée, le FGV engage des recours contre les responsables non assurés, qui doivent rembourser les sommes, majorées de 10 %. "Ça peut représenter des centaines de milliers d'euros", souligne Julien Rencki. Dans certains cas, ces dettes poursuivent les conducteurs toute leur vie.
Des profils à risque : jeunes, précaires, récidivistes
Le baromètre dresse le profil-type des conducteurs non assurés. Dans 80 % des cas, il s'agit d'hommes, âgés de moins de 30 ans, souvent sans revenu stable. Les catégories les plus touchées : ouvriers (21 %), étudiants (19 %) et personnes sans activité (20 %). À l'inverse, les cadres, commerçants et retraités sont largement sous-représentés.
En plus de rouler sans assurance, ces conducteurs enfreignent souvent d'autres règles :
- 39 % n'avaient pas de permis de conduire (contre 3 % chez les assurés) ;
- 25 % avaient consommé des stupéfiants, 23 % de l'alcool (contre 5 % et 7 % chez les conducteurs assurés).
Selon Julien Rencki, le défaut d'information joue un rôle clé. Il rappelle que l'assurance responsabilité civile est obligatoire, car elle couvre les dommages causés aux tiers.
Les nouveaux engins motorisés en ligne de mire
Le Fonds attire aussi l'attention sur la montée des accidents causés par les engins de déplacement personnel motorisés (EDPM), notamment les trottinettes électriques. Ces véhicules, soumis à la même obligation d'assurance, sont devenus la deuxième catégorie la plus impliquée dans les accidents, après les voitures et devant les deux-roues.
En 2024, 446 blessés et 5 décès sont été imputés à ces engins non assurés, soit une hausse de 22 % par rapport à 2023. Selon le FGV, 98 % des accidents impliquant des EDPM concernent des trottinettes.

La rédaction d'Assurland