L'efficacité et l'utilité des assurances affinitaires sont aujourd'hui remises en question par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le gendarme des assureurs et des banques en France.
Des produits moins intéressants pour les assurés
Conçues pour couvrir des risques spécifiques liés à l'achat de biens ou de services tels que les téléphones portables, les voyages, ou encore les événements culturels, ces assurances affinitaires semblent ne pas tenir leurs promesses vis-à-vis des consommateurs. Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales de l'ACPR, pointe du doigt un modèle économique préoccupant et des conditions d'assurance souvent trop restrictives, qui génèrent un volume élevé de litiges et de mécontentement parmi les assurés.
Ces produits d'assurance, qui sont censés être facultatifs, représentent 18 % des saisines de la Médiation de l'assurance en 2022, un chiffre alarmant dont 12 % concernent uniquement les assurances de téléphones portables. L'analyse des conditions générales révèle qu'elles sont "très restrictives, voire exclusives", limitant significativement la portée de protection pour les consommateurs.
Cette situation est d'autant plus paradoxale que les commissions perçues par les distributeurs de ces produits sont qualifiées de "très élevées", mettant en lumière un déséquilibre notable entre les coûts pour les consommateurs et les bénéfices qu'ils en retirent.
Des marges trop élevées pour les assureurs
L'ACPR souligne un aspect particulièrement troublant de l'économie des assurances affinitaires : sur 10 euros de cotisations, seulement 2 euros seraient effectivement destinés à couvrir les sinistres des clients, un taux bien en deçà des standards observés pour les assurances obligatoires telles que l'auto ou l'habitation. Cette répartition des cotisations soulève des questions quant à l'équité et la justification de ces produits sur le marché, remettant en cause leur intérêt pour le consommateur.
"Il faut que ce soit très clair: on ne voit pas du tout l'intérêt du client dans ces produits-là", a indiqué devant les professionnels du secteur Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales de l'ACPR.
Des changements à venir ?
Face à ces constats, l'ACPR appelle à une prise de conscience collective et rapide de l'industrie, soulignant la nécessité de garantir que les produits d'assurance répondent véritablement aux besoins des consommateurs, sans les exposer à des coûts injustifiés ou à des pratiques commerciales déloyales. Cette démarche inclut un renforcement des contrôles sur les assureurs et les intermédiaires, pouvant mener à des sanctions en cas de manquement.
En effet, de nombreux refus de prise en charge, "entre 40 et 80 % pour les garanties annulation" en assurance voyage, par exemple, et environ 60 % des réclamations dans l'assurance mobile sont liées à un défaut de consentement au contrat. Cette réalité est exacerbée par une information souvent "trop parcellaire" fournie au consommateur, avec des contrats complexes et peu transparents.
Alors que la réglementation exige que l'intérêt des clients soit au cœur de la conception et de la distribution des produits d'assurance, l'ACPR met en garde contre les risques d'une industrie qui négligerait ces principes. Pour l’instance, les assureurs et les intermédiaires doivent repenser leur approche pour offrir des assurances affinitaires qui soient non seulement justes et transparentes mais aussi réellement bénéfiques pour les consommateurs. La réforme semble inévitable pour rétablir la confiance des clients dans ces produits et assurer une couverture adéquate et équitable.

La rédaction d'Assurland