Face à l'inflation qui touche aussi bien l'assurance automobile que l'habitation, un tiers des Français reconnaissent renoncer à déclarer certains sinistres par crainte de voir leurs cotisations augmenter. Cette tendance, largement observée dans plusieurs études récentes, témoigne d'un arbitrage économique parfois défavorable aux assurés eux-mêmes. Car en évitant de signaler un dommage, on s'expose à des risques plus coûteux sur le long terme, tout en alimentant des dérives qui pèsent sur l'ensemble du secteur.

Les Français face à l'inflation des assurances

Selon diverses enquêtes menées par le néo-assureur Leocare, 30 % des assurés déclarent avoir déjà renoncé à signaler un sinistre automobile ou habitation. Les petits dommages sont les premiers concernés : impacts de gravillons sur le pare-brise, légères rayures, infiltrations de pluie ou encore pannes d'appareils électroménagers. Dans de nombreux cas, les assurés préfèrent payer eux-mêmes les frais de réparation plutôt que d'assumer une éventuelle hausse de leur prime d'assurance.

Pourtant, ces réticences peuvent conduire à des coûts exponentiels si le sinistre s'aggrave. Comme le rappelle Christophe Dandois, cofondateur de Leocare : “Un sinistre mineur non pris en charge peut vite devenir un problème majeur, et représenter un risque pour l'assuré. À terme, ces coûts plus élevés pèsent aussi sur les assurances, qui les répercutent sur l'ensemble des contrats. Ne pas déclarer, c'est un calcul à court terme qui pénalise autant l'individu que le modèle mutualiste des assurances en France. Mieux vaut anticiper et s'assurer plutôt que faire face à des conséquences plus lourdes.”

Par ailleurs, 66 % des répondants affirment qu'ils déclareraient plus souvent leurs dommages si le prix de l'assurance ne dépendait pas du nombre de sinistres, dont 26 % “sans hésitation”. Cette corrélation renforce la crainte d'une cotisation plus élevée, ce qui pousse certains assurés à gérer leurs pépins en toute discrétion.

Des fraudes minoritaires, mais bien réelles

Si la non-déclaration est un phénomène répandu, la fraude, elle, reste moins courante. Plusieurs études montrent que 89 % des Français disent n'avoir jamais cherché à tromper leur compagnie d'assurance. Ils ne seraient que 11 % à s'y risquer en fournissant de fausses factures ou en souscrivant un contrat après avoir subi un sinistre. Le cofondateur de Leocare rappelle :“La fraude reste une pratique minoritaire car risquée pour l'assuré. Il encourt la résiliation de son contrat, voire des poursuites judiciaires et financières. Le délit sera inscrit dans un fichier national limitant son accès à des assurances abordables.”

Néanmoins, certains conducteurs n'hésitent pas à jouer sur l'ambiguïté. Par exemple, ils déclarent un rétroviseur cassé comme un bris de glace, moins défavorable pour leur bonus-malus. D'autres gonflent le montant des dommages ou altèrent des documents pour obtenir de meilleures indemnisations. Enfin, comme l'observe Leocare, “En moyenne, les assurés déclarent leur sinistre moins d'une semaine après la souscription de leur contrat. Ce délai extrêmement court est suspect et suggère souvent une tentative de fraude, visant à déclencher une indemnisation avant même que l'assureur n'ait eu le temps de vérifier les conditions de la souscription.

Les conséquences pour l'ensemble du secteur

Toute déclaration non faite ou falsifiée impacte, au final, tous les assurés. Les compagnies d'assurance habitation et auto répercutent en effet les coûts liés aux fraudes et aux dommages mal évalués sur leurs tarifs globaux. On estime qu'en France, 7 à 8 % des sinistres indemnisés proviennent de pratiques frauduleuses. Or, chaque hausse des coûts de gestion pèse sur le modèle mutualiste et augmente mécaniquement le montant des primes.

Par ailleurs, renoncer à déclarer un dommage pour préserver son bonus ou éviter une franchise ne constitue pas toujours une économie judicieuse. Un simple impact peut dégénérer en réparation lourde, tandis qu'une infiltration bénigne dans l'habitation peut se transformer en dégâts des eaux coûteux. Dès lors, signaler rapidement un sinistre reste la meilleure option pour bénéficier d'une protection adaptée et éviter d'aggraver la facture.



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