La circulation inter-files, qui permet aux motards de se déplacer entre les véhicules en cas d'embouteillages, fait l'objet d'une expérimentation en France depuis plusieurs années. S'achevant en septembre 2024, cette phase a finalement été prolongée jusqu'au 31 décembre 2024, repoussant la décision quant à sa légalisation définitive.

Une pratique tolérée mais encadrée

Introduite à titre expérimental en 2016 dans 11 départements, la circulation inter-files a été conçue pour fluidifier le trafic des motards, tout en encadrant strictement les conditions de sa mise en œuvre. Les motards sont ainsi autorisés à circuler entre les voitures, mais uniquement sur des routes comportant au moins deux voies séparées par un terre-plein central et où la vitesse maximale dépasse 70 km/h​.

La vitesse des deux-roues, quant à elle, est limitée à 50 km/h, avec une différence de 30 km/h par rapport aux autres véhicules, et tout excès expose les contrevenants à une amende de 135 euros et une perte de trois points sur leur permis.

L'expérimentation actuelle, en place depuis août 2021, couvre 21 départements, dont les grandes agglomérations comme Paris, Lyon ou encore Marseille. Pourtant, malgré l'élargissement de la pratique, les avis divergent quant à son efficacité.

En effet, les résultats des différentes phases d'expérimentation ont révélé une réduction limitée des embouteillages et une hausse des accidents liés à la pratique dans certaines zones​.

Une prolongation inespérée pour les motards

Le 11 septembre 2024, un nouvel arrêté a prolongé la période d'expérimentation jusqu'au 31 décembre 2024, reportant ainsi l'échéance redoutée par les utilisateurs de deux-roues​.

Ce sursis a été accueilli favorablement par les associations de motards, qui craignaient une interdiction soudaine dès septembre. Les responsables de la sécurité routière ont estimé nécessaire de poursuivre les observations afin d'évaluer les conditions dans lesquelles cette pratique pourrait devenir légale à l'échelle nationale​.

Cependant, la CIF fait encore l'objet de nombreuses critiques, notamment en raison des risques potentiels pour la sécurité des motards et des autres usagers de la route. Le rapport du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement , attendu pour début 2025, sera déterminant dans la décision de légaliser ou d'interdire définitivement la pratique.

Une légalisation en suspens

Si la prolongation de la CIF jusqu'à la fin de 2024 est un soulagement pour de nombreux usagers, rien n'est encore acquis. Plusieurs études pointent les dangers d'une telle pratique, notamment en milieu urbain dense, où le risque d'accidents est plus élevé.

En parallèle, certaines associations de motards, telles que la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), continuent de militer pour une reconnaissance légale de la circulation inter-files, arguant qu'elle permet de réduire les embouteillages et qu'elle doit être encadrée plutôt qu'interdite​.

La question de la sécurité reste toutefois au cœur du débat. Selon le Cerema, il est essentiel d'améliorer l'éducation des conducteurs, tant des deux-roues que des automobilistes, afin de favoriser une cohabitation plus sereine sur les routes. Ce rapport préconisera peut-être un encadrement plus strict, voire des limitations géographiques supplémentaires, pour réduire les risques d'accidents, tout en répondant aux attentes des motards.

Bien que cette  prolongation  apporte un répit bienvenu pour les utilisateurs de deux-roues, l'avenir de cette pratique reste suspendu aux résultats des évaluations en cours. La légalisation définitive de la circulation inter-files pourrait devenir une réalité, sous réserve que la sécurité des usagers soit pleinement garantie.



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