Le démarrage 2025 s'annonce morose pour le deux-roues. Les chiffres de l'Observatoire du deux-roues Solly Azar – AAA Data font état d'une baisse historique, tant sur le neuf que l'occasion.

Des immatriculations en chute libre

D'après l'Observatoire, les ventes de deux-roues neufs reculent de 22 %, avec 47 356 unités immatriculées au premier trimestre 2025 contre 61 054 sur la même période en 2024. Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade : le contrôle technique des deux-roues, l'entrée en vigueur de la norme Euro 5+ au 1er janvier 2025, un renforcement des règles écologiques dans les zones à faibles émissions (ZFE) et, surtout, un marché déjà fragilisé depuis trois ans.

Les constructeurs ont massivement immatriculé leurs véhicules en fin d'année dernière pour écouler leurs stocks, aggravant la chute sur les premiers mois de 2025. Le marché de l'occasion, généralement plus résilient, n'est pas épargné non plus : - 20 % de transactions (164 233 contre 206 229 en 2024). Cette baisse découle notamment d'une offre plus réduite (les motards conservent leurs engins plus longtemps) et d'une demande en berne, concurrencée par des moyens de transport alternatifs ou l'extension du réseau de transports en commun.

Le segment des cyclos s'effondre avec -30 % et amplifie la tendance déjà constatée les années précédentes (- 8 % en 2023, - 17 % en 2024). Les cyclos neufs reculent de 28 % pour 8 908 unités, et l'occasion en perd 30 %, à 37 031 unités. En parallèle, les immatriculations de véhicules sans permis reculent aussi de 10 %, signe que toutes les solutions de mobilité alternatives ne sont pas épargnées.

Des comportements d'achat qui évoluent

Les motos accusent un recul de 18 % sur le trimestre, observable aussi bien sur le neuf (- 21 %, à 38 448 unités) que sur l'occasion (- 17 %, à 127 202 unités). Toutefois, les plus grosses cylindrées (400 cc et plus) résistent mieux (- 14 %) et certains modèles comme les sportives affichent même une relative stabilité (- 10,2 % en occasion et + 26,2 % en neuf). Les roadsters (-5,2 %) et les trails (-9,7 %) limitent la casse, ce qui confirme l'attrait pour des modèles davantage tournés vers les loisirs.

L'arrivée des trottinettes, quadricycles urbains et l'amélioration des transports en commun détournent de nombreux citadins. Dans les zones rurales (moins de 2 000 habitants), la chute atteint 23 %. Dans les métropoles comme Paris, Marseille-Aix-en-Provence ou Lyon, la baisse n'est “que” de 14 %, les acheteurs semblant mieux résister aux aléas économiques.

"Dans un contexte socio-économique qui n'incite pas à la dépense, le marché du deux-roues affiche un des pires débuts d'année depuis le Covid. Avec une accumulation de normes environnementales, les motards ont repoussé leur achat en attendant des véhicules répondant à ces nouvelles normes. Le marché du deux-roues électrique d'occasion est le seul à afficher une progression. Cette tendance peut sembler paradoxale dans un contexte marqué par la suppression des aides et bonus écologiques, soulignant ainsi un réel intérêt des consommateurs pour des alternatives plus durables." explique Marie-Laure Nivot, Head of Automotive Market Analysis de AAA Data.

L'électrique, point lumineux et espoirs pour la saison

Le segment électrique se distingue avec une baisse limitée (- 5 %) au premier trimestre. Le marché d'occasion électrique grimpe même de + 12 % pour les cyclos et + 25 % pour les motos, preuve qu'une partie des motards se tourne vers des engins plus respectueux de l'environnement.

"Comme nous l'avions annoncé en début d'année, la baisse du marché du deux-roues est devenue structurelle. D'une part, le marché fait face à une concurrence accrue d'alternatives à la mobilité, et d'autre part, l'utilisation que font les motards de leur deux-roues a changé. Ils roulent moins et gardent leurs véhicules plus longtemps, ce qui a pour conséquence de gripper le marché du neuf et de l'occasion. Pourtant la communauté des motards est toujours présente, avec pour preuve l'affluence lors du dernier salon du 2 roues à Lyon. Il sera intéressant de voir l'effet des nouveaux véhicules présentés sur la dynamique du marché avec l'arrivée de la saison de la moto." déclare Maëlle Faure, Cheffe Produits Auto et Moto chez Solly Azar.

Malgré cette conjoncture, l'espoir subsiste. Chez les 14-17 ans, les immatriculations progressent de 4 % et les beaux jours pourraient relancer un marché en quête d'optimisme. Les professionnels misent aussi sur les nouveautés conformes aux nouvelles normes pour tenter de redresser la barre.



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