Entre coupes budgétaires et réforme du dispositif, MaPrimeRénov' traverse une période d'incertitudes. En 2025, l'enveloppe pourrait encore être réduite, impactant des centaines de milliers de propriétaires.

Un budget en chute libre

Depuis sa création en 2020, MaPrimeRénov' n'a cessé d'évoluer, souvent au détriment de ses bénéficiaires. L'enveloppe budgétaire, qui atteignait 4,5 milliards d'euros en 2023, a été réduite à 2,3 milliards en 2024. Pour 2025, une nouvelle coupe de 700 millions d'euros est envisagée, ce qui ramènerait le budget total à 1,6 milliard d'euros.

Cette baisse s'explique par une sous-utilisation des crédits alloués. Selon un conseiller ministériel, "l'intégralité des crédits n'a pas été consommée en 2024. On atteindra péniblement les 2 milliards d'euros, contre les 2,3 milliards prévus". Ce contexte budgétaire tendu s'inscrit dans un objectif gouvernemental de 32 milliards d'euros de réduction des dépenses publiques, annoncé par François Bayrou.

Vers une réforme du dispositif

Face à ces restrictions budgétaires, MaPrimeRénov' pourrait être recentré sur les rénovations globales, jugées plus efficaces mais aussi beaucoup plus coûteuses. Ces travaux combinent plusieurs interventions, comme le remplacement du chauffage et l'isolation complète du logement. En moyenne, une rénovation globale coûte 40 000 euros pour un appartement et jusqu'à 70 000 euros pour une maison.

En revanche, les travaux dits monogestes (changement de fenêtres ou de chaudières), qui représentaient la majorité des projets en 2024, pourraient être exclus du dispositif. Ces travaux seraient alors pris en charge par les Certificats d'économies d'énergie (CEE), financés par les fournisseurs d'énergie comme EDF ou Engie. Une telle mesure pourrait transférer des coûts importants sur les consommateurs, car ces certificats sont financés via des hausses tarifaires.

Selon un rapport de la Cour des comptes publié en septembre 2024, chaque ménage français a contribué à hauteur de 164 euros en 2023 pour financer ce dispositif. La Cour a également critiqué les CEE, qualifiés de complexes et de peu efficaces.

Un impact direct sur les propriétaires

Pour les propriétaires, ces changements signifient des difficultés grandissantes pour financer leurs travaux de rénovation. En 2024, plus de 230 000 logements ont bénéficié de MaPrimeRénov', dont 188 000 via des monogestes. Les rénovations globales, bien qu'encouragées, n'ont concerné que 42 000 logements, principalement en raison de leur coût élevé.

Valérie Létard, ministre du Logement, a exprimé sa volonté de préserver une stabilité du dispositif. "La ministre est particulièrement attachée à maintenir MaPrimeRénov' comme un levier pour la rénovation énergétique", a déclaré son cabinet. Malgré ces déclarations, les discussions restent ouvertes, et les parlementaires auront le dernier mot lors des débats prévus le 21 janvier 2025.



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