La rénovation énergétique des logements est au cœur des ambitions écologiques de la France. Pourtant, les chiffres révèlent une mobilisation encore faible des Français. Entre méconnaissance des performances énergétiques et priorités divergentes, la transition vers des logements plus verts se heurte à de nombreux obstacles.

Une méconnaissance persistante des enjeux du DPE

Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu un critère essentiel sur le marché immobilier. Selon l'observatoire BPCE, 76 % des acheteurs le considèrent comme un élément décisif, et 43 % des vendeurs le voient comme une motivation pour céder leur bien. Pourtant, une large part des propriétaires reste mal informée.

Ainsi, 17 % des propriétaires estiment que leur logement est classé E, F ou G, alors que ces catégories concernent en réalité 37 % des résidences principales. Les erreurs sont particulièrement fréquentes parmi les jeunes propriétaires : 13 % pensent avoir une étiquette A, alors que seuls 2 % des logements français répondent à ce standard. Cette méconnaissance freine l'identification des besoins réels en travaux de rénovation.

Travaux d'embellissement : la priorité des Français

Malgré les impératifs environnementaux, la plupart des ménages privilégient des projets moins coûteux et plus visibles. Selon l'étude BPCE :

  • 51 % des Français optent pour des travaux d'embellissement (peinture, parquet, décoration),
  • 29 % envisagent une adaptation au grand âge, un enjeu crucial pour les baby-boomers,
  • 28 % pensent à des rénovations lourdes, comme le ravalement de façade.

En revanche, seuls 10 % des projets de rénovation énergétique concernent une amélioration globale de la performance énergétique du logement. La majorité se limite à des interventions ponctuelles, dites "par geste", telles que le remplacement des fenêtres ou du chauffage.

L'un des principaux obstacles reste le coût élevé des rénovations énergétiques. Bien que des aides comme MaPrimeRénov' existent, elles ne suffisent pas à inciter une majorité de ménages à franchir le pas. Comme l'explique Alain Tourdjman, directeur des études du groupe BPCE : "Lorsque l'on sait que les vraies intentions sont celles qui valent pour le court terme, on observe un niveau d'intention faible et très concentré sur des travaux ponctuels plutôt que sur une logique de rénovation globale."

En outre, les politiques publiques peinent à atteindre leurs objectifs. Initialement pensée pour favoriser les rénovations globales, MaPrimeRénov' continuera de soutenir les "monogestes" en 2025. Si cette décision montre un pragmatisme face aux faibles taux de passage à l'acte, elle illustre également les limites actuelles des incitations gouvernementales.

Une convergence des motivations à exploiter

Pourtant, des opportunités émergent. Une forte corrélation existe entre les intentions de travaux énergétiques et celles visant l'embellissement ou l'adaptation des logements. Alain Tourdjman souligne que "la rénovation énergétique est imbriquée dans une problématique plus générale de rénovation globale du logement".

Le vieillissement accéléré de la population amplifie cette tendance : les baby-boomers, souvent propriétaires de maisons individuelles, expriment des besoins croisés en matière d'adaptation au grand âge et de réduction des charges. Ces motivations, combinées à une recherche de confort et de qualité de vie, pourraient servir de levier pour massifier les rénovations.



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