La rénovation énergétique des logements connaît un véritable tournant en France. Grâce à MaPrimeRénov', le dispositif public d'aide à la rénovation, les chiffres du premier trimestre 2025 marquent une progression spectaculaire. Plus de 17 000 logements ont fait l'objet de rénovations d'ampleur entre janvier et mars, soit trois fois plus qu'à la même période en 2024. Une dynamique saluée par les pouvoirs publics mais qui soulève déjà des questions sur le financement à venir et sur la qualité des travaux réalisés.
Une hausse record portée par MaPrimeRénov'
D'après les données de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), 17 178 logements ont bénéficié d'une rénovation d'ampleur entre janvier et mars 2025. Ce type de travaux vise à améliorer la performance énergétique d'un logement d'au moins deux classes sur le diagnostic de performance énergétique (DPE). À titre de comparaison, seuls 5 584 logements avaient été concernés un an plus tôt.
Cette évolution s'inscrit dans une tendance observée dès la fin 2024. Sur le dernier trimestre de l'année passée, 48 629 logements avaient déjà fait l'objet de rénovations d'envergure, pour un total de 91 374 projets sur l'ensemble de 2024. L'engouement pour le dispositif se confirme avec 33 222 dossiers déposés à l'Anah au premier trimestre 2025, soit trois fois plus qu'au début de l'année précédente.
"Ça y est, la rénovation des bâtiments explose", se félicite Jacques Baudrier, adjoint (PCF) au logement à la mairie de Paris. Il annonce même que "à Paris, on va multiplier par 8 les rénovations énergétiques en trois ans".
Un soutien financier massif, mais sous tension
La montée en charge du programme s'appuie sur un financement public conséquent. En moyenne, chaque rénovation d'ampleur a coûté 59 197 euros, dont 41 201 euros financés par MaPrimeRénov'. L'État a ainsi mobilisé 700 millions d'euros d'aides pour ce seul premier trimestre.
Près de 80 % des logements rénovés étaient classés F ou G au DPE, les fameuses “passoires thermiques”. Depuis le 1er janvier 2025, leur mise en location est conditionnée à la réalisation d'un audit énergétique, ce qui accélère le recours aux travaux. À cela s'ajoute l'obligation de mise en conformité avant 2028.
Mais cette dynamique pourrait se heurter à une contrainte budgétaire. Jacques Baudrier s'inquiète : "Il manquera au moins deux milliards d'euros" pour répondre à la hausse des demandes. Le budget 2025 de MaPrimeRénov' s'avère trop limité et l'État cherche désormais des solutions alternatives, notamment en s'appuyant sur les certificats d'économie d'énergie (CEE). L'élu parisien propose également de créer des recettes dédiées, par exemple via une taxe sur les bureaux, afin d'éviter de casser cette dynamique.
Le gouvernement veut désormais améliorer la qualité
Si les pouvoirs publics saluent une réussite quantitative, le ministère du Logement souhaite maintenant améliorer la qualité du dispositif. La ministre Valérie Létard l'affirme : "Ce doit désormais aussi être une réussite qualitative, ce à quoi nous allons dédier nos efforts des prochaines semaines".
Le gouvernement a fixé quatre priorités : réduire les délais d'instruction des dossiers, renforcer le contrôle des accompagnateurs dans les cas de suspicion de fraude, mettre en place de nouveaux outils anti-fraude, et mieux encadrer les coûts, avec l'étude d'un abaissement du plafond de travaux à partir de 2026.
Enfin, 46 331 logements ont fait l'objet d'une “rénovation par geste” — une intervention ciblée sur un élément du logement comme le chauffage ou les fenêtres. Ce chiffre est en baisse d'un tiers par rapport à début 2024, signe que les Français privilégient désormais des rénovations plus complètes.

La rédaction d'Assurland