Selon les derniers chiffres de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), révélés le lundi 17 mars par France Inter, 44 000 dossiers frauduleux ont été rejetés en 2024 dans le cadre du dispositif d'aide à la rénovation énergétique Ma Prime Rénov'. Cette fraude représentait près de 230 millions d'euros, évités grâce à un renforcement des contrôles et à l'utilisation de nouvelles technologies.
Un dossier sur dix concerné par la fraude
L'Anah indique qu'un dossier sur dix reçu l'an dernier était frauduleux. Au total, 44 000 dossiers ont été rejetés, évitant ainsi une perte de 229 millions d'euros de fonds publics. Ces fraudes étaient majoritairement des demandes fictives visant à détourner les aides destinées à la rénovation énergétique.
Cette recrudescence des tentatives de fraude au dispositif MaPrimeRenov' est observée depuis la fin de l'année 2022, avec une hausse marquée des usurpations d'identité et des demandes frauduleuses déposées à partir d'informations réelles. Il s'agit d'un véritable défi pour l'Anah, qui doit faire face à l'augmentation ces pratiques illégales. L'Agence a intensifié la lutte contre ces fraudes grâce à de nouveaux outils technologiques, dont l'intelligence artificielle.
Intelligence artificielle et renforcement des contrôles
Face à cette explosion des fraudes au dispositif MaPrimeRenov', l'Anah a renforcé ses outils de détection et a mis en place, à la suite du recrutement d'un "data scientist", un dispositif d'intelligence artificielle capable de repérer l'"atypisme" de certains dossiers.
Cette traque passe également par un meilleur partage des données avec les services de la Répression des fraudes. "Pour 2024, nous avons détecté 60 500 dossiers suspects. Nous avons confirmé 67% des cas de fraudes", indique Tarik Bounit, chargé de la lutte contre les fraudes à l'Anah.
Autre moyen d'anticiper la fraude : contrôler. Les contrôles sont désormais plus rigoureux et prennent plusieurs formes : vérifications d'identité, demandes d'informations complémentaires, courriers de confirmation, et même contrôles sur site. En parallèle, 2 300 signalements ont été remontés par des particuliers ou des professionnels, contribuant à la détection des fraudes.
Un bilan en demi-teinte pour les rénovations
Malgré ces efforts, les objectifs de rénovation fixés pour 2024 n'ont pas été atteints. L'Anah prévoyait la rénovation de 700 000 logements, dont 200 000 de grande ampleur. Finalement, seuls 340 800 logements ont été rénovés, dont 91 374 avec des travaux d'ampleur. Le coût moyen des travaux s'élevait à 55 000 euros, avec un reste à charge moyen de 20 000 euros pour les ménages bénéficiaires, ce qui représente un budget conséquent.
Pour autant, le porte-parole de l'Anah, Martin Lagane, insiste sur l'importance du dispositif : "C'est une politique publique essentielle, il ne faut pas la bloquer". Face à la montée en puissance des tentatives de fraude, l'Anah poursuit donc ses efforts pour garantir l'efficacité et l'intégrité du programme MaPrimeRenov'.

La rédaction d'Assurland