Chaque année, des millions de tonnes de matériaux sont jetées alors qu'ils pourraient être réutilisés. C'est dans ce contexte que l'assureur mutualiste Macif prend une initiative inédite en intégrant des matériaux de réemploi dans les réparations des logements sinistrés. Cette démarche pourrait bien transformer durablement le secteur de l'assurance habitation.

Une première dans le domaine de l'assurance habitation

L'utilisation de pièces de réemploi est déjà bien implantée dans le secteur automobile. Selon l'association SRA, 5,3 % des pièces remplacées en 2023 provenaient du réemploi, contre 3 % en 2020. La Macif franchit un cap en adaptant ce modèle à l'assurance habitation.

En partenariat avec Cyneo, filiale de Bouygues Construction spécialisée dans l'économie circulaire, l'assureur propose désormais à ses sociétaires des matériaux de seconde main pour la réparation de leur logement après un sinistre. "Nous voulons lancer une démarche vertueuse pour permettre à nos sociétaires d'accéder à des réparations durables et bas carbone", explique Bertrand Delignon, directeur des assurances dommages à la Macif.

Un potentiel immense pour le bâtiment

Le secteur du bâtiment génère chaque année 46 millions de tonnes de déchets, mais seulement 1 % est réutilisé. Pourtant, selon le ministère de la Transition écologique, 80 % de ces matériaux pourraient connaître une seconde vie.

Les matériaux les plus prometteurs sont les tuiles issues de chantiers de déconstruction, qui peuvent être certifiées pour un usage ultérieur. Il en va de même pour les tonnes de peinture inutilisées qui finissent souvent à la benne. "On ne manque pas de matériaux bruts. Mais la clé, c'est de les transformer en produits standards, vendus en grande quantité et de manière récurrente", précise Joanna Ferrière, directrice de Cyneo.

La filiale de Bouygues a déjà ouvert deux centres de reconditionnement, à Vitry-sur-Seine et Saint-Aignan de Grandlieu, pour structurer une véritable filière.

Des sociétaires prêts à changer leurs habitudes ?

Les Français sont-ils prêts à adopter cette nouvelle approche ? Selon un sondage OpinionWay pour la Macif, 61 % des assurés se disent favorables à l'utilisation de matériaux de seconde main pour réparer leur logement.

Les arguments en faveur de cette démarche sont nombreux : réduction de l'empreinte carbone, accès à des matériaux plus rapidement disponibles et coûts potentiellement plus attractifs. "Si grâce au réemploi, vous obtenez vos tuiles en trois jours au lieu de six mois, le choix sera vite fait", illustre Bertrand Delignon.

L'impact sur les tarifs est encore limité

Pour l'instant, la généralisation du réemploi ne devrait pas entraîner de baisse immédiate des cotisations d'assurance habitation. La filière en est encore à ses débuts, et la différence de prix entre matériaux neufs et de réemploi varie fortement.

Toutefois, l'assureur espère que cette initiative incitera d'autres acteurs du marché à suivre son exemple, créant ainsi une demande suffisante pour développer une véritable filière. "L'assurance doit jouer un rôle central dans la transition écologique", conclut Bertrand Delignon. En réconciliant écologie, économie et solidarité, la Macif pourrait bien amorcer un tournant décisif pour l'avenir de l'assurance habitation.



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