Après trois mois de suspension, le dispositif MaPrimeRénov' revient ce 30 septembre. Mais les ménages qui comptaient sur cette aide pour financer leurs travaux de rénovation devront composer avec un nombre de places très limité, des plafonds d'aides revus à la baisse et des critères d'éligibilité durcis. De quoi susciter inquiétudes et incertitudes chez les particuliers comme chez les professionnels.
Un quota national de 13 000 dossiers pour 2025
Le gouvernement a fixé une jauge très basse : seuls 13 000 dossiers de rénovation globale pourront être déposés entre octobre et décembre, avant une instruction au premier trimestre 2026 et sous réserve du budget de la loi de finances. L'Agence nationale de l'habitat (Anah) répartira ce quota de manière équitable sur tout le territoire. "Des objectifs seront définis par territoire (...) et lorsque l'objectif national sera dépassé, la plateforme sera fermée", précise le ministère du Logement.
Cette limitation s'explique par la volonté de maîtriser le budget 2025 de 3,6 milliards d'euros. Au 31 mai 2025, près de 122 000 ménages avaient déjà bénéficié d'une aide, dont 44 000 pour des rénovations d'ampleur. Le dispositif, souvent saturé, avait enregistré en un mois plus de 29 000 dépôts de dossiers, largement au-dessus des prévisions.
Les ménages très modestes restent prioritaires. Par exemple, un foyer de quatre personnes en Île-de-France avec moins de 55 961 euros de revenus annuels peut y prétendre. Si le quota n'est pas atteint, les ménages modestes (jusqu'à 45 234 euros de revenus pour quatre personnes) pourront ensuite déposer une demande.
Des plafonds d'aides fortement abaissés
La réouverture de MaPrimeRénov' s'accompagne d'un rabotage significatif des aides. Le plafond de subvention passe désormais à :
- 30 000 euros pour un gain de deux lettres au diagnostic de performance énergétique ;
- 40 000 euros pour un gain de trois lettres.
Un changement de taille quand le plafond atteignait auparavant 70 000 euros. Le reste à charge des ménages s'annonce donc plus élevé, alors que le coût moyen d'une rénovation globale oscille entre 50 000 et 60 000 euros. Autre évolution : seuls les logements classés E, F et G au DPE (diagnostic de performance énergétique) sont éligibles. Le bonus de 10 % accordé jusqu'ici en cas de sortie du statut de passoire thermique est supprimé. La prise en charge par l'État reste proportionnelle aux revenus :
- 80 % du coût des travaux pour les ménages très modestes,
- 60 % pour les ménages modestes,
- 45 % pour les ménages intermédiaires,
- 10 % pour les ménages plus aisés.
"Soit le reste-à-charge des ménages va exploser, soit les propriétaires seront moins ambitieux sur leurs travaux", redoute Pierre-François Morin, directeur activité rénovation d'Hello Watt.
Des restrictions pour les travaux en monogestes
Si les travaux en monogestes (comme l'isolation des combles ou le remplacement des fenêtres) n'ont pas été suspendus cet été, leur champ d'éligibilité se réduit. Dès janvier 2026, deux types de travaux ne seront plus financés : l'isolation des murs (intérieure et extérieure) et l'installation de chaudières biomasse à alimentation manuelle ou automatique. "C'est un non-sens écologique", réagit Pierre-Marie Perrin, directeur des Affaires publiques du groupe Hellio.
Ces restrictions s'ajoutent aux nombreuses mesures antifraudes renforcées par la loi Cazenave. Depuis le début de l'année, plus de 13 000 tentatives de fraudes ont été détectées sur MaPrimeRénov'. Pour les particuliers, la confusion reste grande. "Les stop-and-go successifs de MaPrimeRénov' ont profondément déstabilisé les ménages, les artisans et plus largement l'ensemble du secteur immobilier", critique Laurent Nataf, président d'Homélior.

La rédaction d'Assurland