En Île-de-France, le mal-logement touche désormais une personne sur dix, soit 1,3 million de Franciliens. Et si l'on élargit le spectre, près d'un tiers des 12,3 millions d'habitants de la région vivent dans un logement qui fragilise leur quotidien, selon un rapport alarmant de la Fondation pour le logement des défavorisés, rendu public ce 13 octobre. Suroccupation, précarité énergétique, expulsions, explosion des prix... tous les indicateurs sont au rouge.

Une crise du logement aux multiples visages

La région capitale concentre des formes variées et souvent cumulatives de mal-logement : habitat insalubre ou inadapté, précarité énergétique, hébergement contraint chez un tiers, logement surpeuplé, ou absence totale de domicile. Parmi les 1,3 million de personnes mal logées, 634 000 vivent dans un logement trop petit de deux pièces ou plus par rapport aux normes d'occupation. À cela s'ajoutent 1,2 million de personnes en situation de surpeuplement modéré, soit près de 30 % des locataires franciliens.

La situation est particulièrement critique pour les jeunes, qui accèdent plus difficilement à un logement autonome : ils quittent le domicile familial deux ans plus tard qu'ailleurs en France, constate la Fondation. “Il y a une aggravation du nombre de ménages en surpeuplement accentué et du nombre de personnes sans domicile personnel”, alerte Éric Constantin, directeur régional de l'organisme.

Accès au logement social : une impasse pour des milliers de foyers

Face à la flambée des prix dans le parc privé, de plus en plus de ménages se tournent vers le logement social. Mais la demande explose : fin 2024, 888 000 ménages attendaient un logement social en Île-de-France, soit un tiers de la demande nationale, pour seulement 65 000 attributions. Cela signifie que 93 % des demandeurs n'ont reçu aucune proposition et doivent renouveler leur dossier l'année suivante. Pire : un demandeur sur cinq est en attente depuis plus de cinq ans.

Dans ce contexte de saturation, de plus en plus de personnes vivent chez un proche. En 2024, 207 000 demandeurs étaient hébergés par un tiers, une hausse de 30 % par rapport à 2019. "C'est une bonne chose que la solidarité prenne le dessus, mais ce n'est pas aux habitants de devoir trouver une solution !" fustige Éric Constantin.

Des expulsions en hausse et un logement toujours plus cher

La crise se manifeste aussi à travers une explosion des expulsions et des impayés. En 2024, 8 106 foyers ont été expulsés en Île-de-France, un niveau jamais atteint. En parallèle, 350 000 personnes font face à des impayés de loyers ou de charges. Le rapport identifie aussi 125 600 Franciliens sans domicile personnel, dont plus de 4 000 dorment à la rue. Chaque soir, près de 2 000 personnes n'obtiennent aucune solution d'hébergement malgré leurs appels au 115.

Le facteur aggravant reste l'augmentation des prix de l'immobilier, qui dépasse largement celle des revenus. Depuis 2002, les loyers ont augmenté 1,6 fois plus vite que les ressources des ménages, et les prix d'achat 4,5 fois plus vite. Résultat : à Paris, moins de 6 % des couples sans enfant peuvent devenir propriétaires.

Pour Éric Constantin, le système atteint ses limites : "L'État a triplé ses places d'hébergement depuis 2012, mais le dispositif reste sous pression permanente". La Fondation appelle à développer un parc social "à la hauteur des besoins", en maintenant également un parc privé accessible. “Nous avons les outils et les acteurs, il manque une volonté politique", conclut-il.



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