Depuis le 28 février 2025, un décret impose le partage des transports sanitaires pour certains patients, sauf contre-indication médicale. Cette mesure, visant à réduire les dépenses de l'Assurance maladie, suscite une vive opposition de la part des associations de patients et des professionnels du secteur. Tandis que le gouvernement met en avant des gains économiques et une optimisation de l'organisation des trajets médicaux, les malades et leurs proches alertent sur des risques pour la santé des plus fragiles.
Une mesure pour réduire les coûts du transport sanitaire
Le transport sanitaire représente une charge financière importante pour la Sécurité sociale, avec une dépense de 6 milliards d'euros en 2022. Pour maîtriser ces coûts, le décret impose aux patients compatibles de partager leur transport en ambulance ou taxi sanitaire. Cette organisation repose sur plusieurs règles strictes :
- Un itinéraire pouvant dévier de 10 km par passager, dans la limite de 30 km au total.
- Une attente maximale de 45 minutes avant la prise en charge après un rendez-vous médical.
- Une minoration du remboursement pour les patients refusant le transport partagé, sauf contre-indication médicale.
Si le gouvernement présente cette mesure comme une évolution logique pour optimiser les transports et maîtriser les dépenses publiques, elle suscite une vive réprobation.
Les patients les plus fragiles menacés ?
Les associations de patients réagissent fermement à cette réforme, qu'elles jugent dangereuse pour les personnes atteintes de pathologies lourdes. Bruno Lamothe, de l'association Renaloo, exprime son indignation : "Pour nous, c'est une mise en danger des patients et une maltraitance qui est inacceptable." Les patients sous dialyse, chimiothérapie ou radiothérapie, souvent affaiblis après leur traitement, doivent désormais supporter des trajets prolongés et des attentes supplémentaires.
Manuela Déjean, malade des reins et utilisatrice de ces transports, décrit des conditions de transport éprouvantes, avec des détours interminables et une fatigue extrême après ses séances de dialyse. Les risques sanitaires sont également pointés du doigt : les patients immunodéprimés pourraient être exposés à des infections en voyageant avec d'autres malades.
Une contestation qui gagne du terrain
Les critiques ne se limitent pas aux patients et associations. Les chauffeurs de taxis sanitaires manifestent aussi leur inquiétude face à cette réforme. En décembre dernier, plusieurs d'entre eux ont protesté devant l'Assemblée nationale et dans plusieurs villes de France. Ils dénoncent une réduction de leurs revenus, une logistique plus complexe et un risque de dégradation du service.
Par ailleurs, certains professionnels de santé soulignent que cette mesure pourrait entraîner des difficultés d'organisation pour les établissements hospitaliers, déjà sous tension. Dans les régions à forte densité ou avec des conditions de circulation complexes, comme l'Île-de-France ou les zones montagneuses, le respect des délais et des détours pourrait poser problème.
Un débat loin d'être clos
Alors que la mesure entre en application, les tensions persistent entre les différents acteurs concernés. Pour l'Assurance maladie et le gouvernement, il s'agit d'une optimisation nécessaire des ressources publiques. Mais pour les patients et les professionnels du secteur, cette économie budgétaire se fait au détriment des conditions de prise en charge des malades les plus vulnérables.
Face à une opposition croissante, de nombreuses voix s'élèvent pour demander des aménagements à cette réforme. Les associations de patients réclament un meilleur encadrement des délais d'attente et des trajets, ainsi que des exemptions pour certaines pathologies particulièrement éprouvantes. D'autres appellent à une réévaluation complète du dispositif afin de trouver un équilibre entre économies budgétaires et respect du bien-être des malades.

La rédaction d'Assurland