Lancée en 2025, l'enquête Albane propose une étude sans précédent de la santé des Français. Sur plusieurs années, des milliers de volontaires, tirés au sort, vont être soumis à une batterie d'examens médicaux et d'analyses, afin de mieux comprendre les effets des expositions environnementales, des habitudes alimentaires et de l'activité physique sur la santé publique. Les résultats alimenteront des recherches nationales et européennes pour anticiper les enjeux sanitaires à venir.
Un panel de 3 150 Français suivi tous les deux ans
L'enquête Albane, acronyme d'Enquête sur l'Alimentation, la Biosurveillance, la sAnté, la Nutrition et l'Environnement, a démarré en 2025. Co-pilotée par Santé publique France (SpF) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), cette étude ambitionne de dresser une photographie précise de l'état de santé des Français.
Dès la première phase, 3 150 participants âgés de 0 à 79 ans ont été recrutés aléatoirement dans 167 zones de l'Hexagone. L'échantillon comprend 150 bébés, 1 000 enfants et adolescents, et 2 000 adultes. Ces volontaires subiront des examens tous les deux ans dans le cadre d'un dispositif cyclique inspiré de modèles américains et canadiens.
Caroline Semaille, directrice générale de SpF, explique : "C'est une enquête innovante, cyclique (...) qui permettra d'être réactifs et de pouvoir rajouter des questions spécifiques, donc d'apporter des réponses à une attente sociale ou des questions politiques ou sociétales."
L'exposition aux substances chimiques en ligne de mire
Au cœur de l'étude figure la biosurveillance de l'exposition aux substances chimiques. Les chercheurs analyseront une quinzaine de familles de polluants environnementaux, dont :
- les métaux lourds : cadmium, mercure, plomb ;
- les polluants organiques persistants : composés perfluorés (PFAS), PCB, dioxines, hydrocarbures aromatiques polycycliques ;
- les phtalates (assouplissants plastiques) et les bisphénols (perturbateurs endocriniens) ;
- les pesticides, y compris les néonicotinoïdes et antifongiques.
"Une analyse assez large de l'ensemble des pesticides qu'on pourrait trouver dans les urines sera menée, de façon à être sûr de n'en manquer aucun", souligne Loïc Rambaud, chef de projet de l'enquête Albane. Ces données viendront compléter celles de l'étude PestiRiv, centrée sur l'exposition des habitants des zones viticoles.
Tests médicaux, prélèvements, questionnaires : un suivi ultra-complet
Les participants bénéficieront d'un suivi médical complet. Après un premier entretien avec un enquêteur d'Ipsos, qui contrôlera aussi des paramètres domestiques comme la température du réfrigérateur et les dates limites de consommation, les volontaires rempliront un auto-questionnaire sur leur santé et leur alimentation.
Pendant trois jours sélectionnés aléatoirement sur quinze jours, ils devront consigner leur alimentation. Certains porteront un accéléromètre pendant une semaine afin de mesurer leur activité physique. Voici les examens médicaux qui pourront être réalisés :
- prélèvements biologiques (urines, cheveux, sang dès 6 ans) ;
- mesures cliniques : poids, taille, tension artérielle et force physique ;
- une indemnisation de 40 euros est prévue pour les déplacements en laboratoire.
En cas de problème détecté, les participants seront invités à consulter leur médecin.
Des résultats clés pour orienter les choix de santé publique
L'objectif final de l'enquête Albane ? Établir des valeurs de référence d'exposition, identifier les maladies liées aux expositions environnementales et affiner la compréhension des maladies chroniques, y compris leur part non diagnostiquée. Ces données, croisées avec celles du Système National des Données de Santé (SNDS), serviront à orienter les politiques publiques, qu'il s'agisse du Programme national nutrition santé (PNNS), du Plan national de l'alimentation ou de la Stratégie nationale de biosurveillance.
Au niveau européen, les résultats d'Albane seront intégrés au Partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques (PARC) et partagés avec l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Pour Benoît Vallet, directeur général de l'Anses, "l'enquête permettra d'aller, dans un environnement, rechercher les éléments qui sont éventuellement négatifs pour la santé des Français".
Enfin, l'extension de l'enquête aux territoires ultramarins est à l'étude pour 2028>, même si des discussions budgétaires restent en cours.

La rédaction d'Assurland