Au quotidien, les transports pèsent lourd sur notre bien-être mental. C'est le constat d'une étude inédite réalisée par l'Institut Terram et l'Alliance pour la santé mentale, en partenariat avec l'Ifop. Intitulée "Mobilités : la santé mentale à l'épreuve des transports", cette enquête interroge 3 300 Français sur leur expérience des déplacements. Résultat : plus de quatre personnes sur dix relient directement leurs problèmes de santé mentale à leurs trajets quotidiens.

Une usure psychologique sous-estimée

Selon l'étude, 41 % des personnes ayant connu des symptômes dépressifs estiment que leurs déplacements y ont contribué. Même proportion pour les troubles du sommeil qui restent aujourd'hui un fléau pour de nombreuses personnes. Ce lien est encore plus fort pour les accès de colère violente (46 %), les épisodes de burn-out (43 %) ou la prise d'antidépresseurs (44 %).

Pour Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l'Alliance pour la santé mentale, "80 % des déterminants de santé sont non médicaux", ce qui place la mobilité au cœur du débat sur la prévention. Pourtant, cet impact reste largement ignoré par les politiques publiques, au profit de considérations techniques ou économiques.

"La mobilité est ancrée dans notre quotidien, elle structure nos rythmes de vie, nos agendas, elle a forcément une influence significative sur notre bien-être", rappelle Victor Delage, fondateur de l'Institut Terram.

Qui sont les plus touchés ? 

Les résultats révèlent de fortes disparités selon l'âge, le genre et la situation familiale. Les 18-34 ans sont les plus affectés : 35 % d'entre eux pointent un impact des transports sur leur santé mentale, contre 22 % chez les 50-64 ans.

Pourquoi ? "Les jeunes ont moins de tabous pour parler de ce sujet", analyse Angèle Malâtre-Lansac. "Il y a un niveau d'acceptabilité moindre des difficultés de déplacement chez les jeunes générations", ajoute Victor Delage.

Les femmes de moins de 35 ans apparaissent particulièrement vulnérables : 62 % d'entre elles estiment que le manque de dessertes a limité leurs opportunités, et 56 % ne se sentent pas en sécurité dans les transports collectifs, soit 13 points de plus que la moyenne nationale.

Les parents isolés sont également plus exposés : 43 % d'entre eux associent un épisode de colère intense à leurs difficultés de déplacement, contre seulement 21 % des personnes sans enfants à charge.

Citadins : mieux desservis, mais plus stressés

Contrairement aux idées reçues, les citadins, bien qu'ils disposent de meilleures infrastructures (76 % de satisfaction), sont plus nombreux à ressentir de l'anxiété liée aux transports (39 %, contre 30 % en zone rurale). Plus surprenant encore, ils sont 59 % à se sentir démunis face aux difficultés de transport, un taux supérieur à celui des habitants des zones rurales (52 %).

Cette situation peut s'expliquer par la complexité logistique des trajets en ville, leur imprévisibilité, les embouteillages, les retards fréquents.

Malgré cette tension, la voiture reste le mode de transport préféré, même en métropole (hors Paris). Seulement 17 % des usagers l'associent au stress, contre 34 % pour le métro et le tramway, 40 % pour les deux-roues motorisés, et 41 % pour la trottinette.

Vers une mobilité plus apaisée

Tout n'est pas sombre. Les télétravailleurs développent un rapport plus apaisé à la mobilité, profitant des transports pour lire, réfléchir, organiser leur journée. "Le fait d'avoir des temps de pause, de laisser son esprit vagabonder, de faire de l'activité physique est extrêmement positif pour la santé mentale", confirme Angèle Malâtre-Lansac.

L'étude plaide pour une mobilité "qui soigne", à travers une meilleure intermodalité (marche + transport collectif, par exemple). Pourtant, seuls 22 % des usagers utilisent plusieurs modes de transport dans une même journée, alors que 76 % de ceux qui le font rapportent un effet bénéfique sur leur bien-être.



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