Les pénuries de médicaments, qui ont atteint un niveau critique durant l'hiver 2022-2023, montrent enfin des signes d'amélioration en France. Selon une étude publiée le 27 mars 2025 par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le nombre de médicaments en rupture de stock a été divisé par deux en deux ans. Toutefois, avec encore 400 références manquantes en pharmacie, la situation reste préoccupante.

Une amélioration notable mais des niveaux de rupture toujours préoccupants

Fin 2024, l'ANSM comptabilisait environ 400 références de médicaments en rupture de stock, soit deux fois moins qu'au plus fort de la crise de l'hiver 2022-2023."La situation s'améliore et nous sommes même revenus à la situation d'avant Covid", affirme Laurence Peyraut, directrice générale du Leem, organisation professionnelle des entreprises du médicament.

La DREES et l'ANSM notent que la gravité des risques de rupture semble diminuer, comme l'indiquent les niveaux de stocks déclarés. En effet, à la fin de l'année 2024, "la moitié des laboratoires affirmaient disposer de plus de deux mois de réserve, contre seulement 1,3 mois à la fin de 2022", précise Gladys Baudet, spécialiste des données à la DREES.

Cette amélioration, bien que significative, ne marque pas un retour à la normale. En effet, les niveaux de pénurie restent relativement élevés par rapport aux années précédentes. Pour rappel, en 2017, seules une centaine de références étaient en rupture. 

Les causes des pénuries sont multiples : la crise sanitaire de la Covid-19, la guerre en Ukraine, mais aussi des problèmes structurels liés à la production et à la distribution des médicaments. Les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), ceux dont l'absence pourrait mettre en danger la santé des patients, ont été particulièrement touchés. À l'hiver 2022-2023, 8 % des MITM étaient en rupture, entraînant des tensions importantes sur l'approvisionnement.

Des classes thérapeutiques particulièrement touchées

Toutes les catégories de médicaments ont été affectées par les pénuries, mais certaines classes thérapeutiques ont été particulièrement impactées. Les médicaments du système cardiovasculaire représentaient 30 % des ruptures déclarées, suivis par ceux du système nerveux (20 %), les antibiotiques (14 %) et les médicaments du système digestif (10 %).

Les antibiotiques, notamment l'amoxicilline, ont connu des tensions récurrentes, compliquant la prise en charge des infections bactériennes. D'autres traitements, comme certains anticancéreux et médicaments du système respiratoire, ont parfois été en rupture sans alternatives thérapeutiques viables, aggravant les conséquences pour les patients.

Quelles mesures pour éviter de nouvelles crises ?

Face à ces pénuries, les autorités et les professionnels du secteur préconisent plusieurs solutions. Laurence Peyraut propose de mettre en place "un système unique de déclaration" des ruptures pour mieux les anticiper, ainsi qu'une rationalisation des listes de molécules essentielles.

Elle insiste également sur la nécessité de revoir la politique tarifaire des médicaments, rappelant que les prix en France sont parmi "les plus bas d'Europe". Pour elle, une meilleure coordination au sein de l'Union européenne est essentielle : "la souveraineté pharmaceutique française passe également par une véritable souveraineté européenne".

Elle déplore les divergences existantes entre la France et le reste de l'Europe, notamment en ce qui concerne les listes de molécules et les outils utilisés. Elle estime qu'en simplifiant les processus, il serait possible de résoudre ce problème complexe rapidement.



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