Avec près de 5 000 médicaments signalés en rupture ou en risque de rupture en 2023, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le gouvernement français a dévoilé une feuille de route ambitieuse pour les années 2024 à 2027, visant à sécuriser l'approvisionnement et à renforcer l'autonomie pharmaceutique du pays.

Une pénurie de médicaments

La récurrence des pénuries de médicaments ont mis en évidence les vulnérabilités d'une chaîne d'approvisionnement mondialisée, où la dépendance à des producteurs externes (notamment en Asie), expose les patients européens à des risques significatifs.

Antibiotiques, traitements anticancéreux, insuline, la liste des médicaments essentiels touchés par ces ruptures s'allonge, suscitant une inquiétude croissante chez les professionnels de santé et les patients.

Face à cette situation, le gouvernement français, sous l'impulsion de trois ministres (la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, le ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Energie Roland Lescure, et le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention Frédéric Valletoux) ; a présenté une série de mesures stratégiques

Au cœur de cette nouvelle feuille de route, on trouve la volonté de renforcer la surveillance des stocks de médicaments essentiels et d'encourager la relocalisation de la production pharmaceutique sur le territoire national. 

Par ailleurs, l'annonce de la première usine européenne de paracétamol à Toulouse à l'horizon 2025 incarne cette nouvelle ambition : réduire la dépendance à l'étranger et garantir une meilleure disponibilité des traitements indispensables.

Une souveraineté industrielle européenne

Au-delà des mesures nationales, l'appel à une réindustrialisation de la production de médicaments se fait entendre à l'échelle européenne. 

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) plaide pour que la production de médicaments devienne un projet majeur de réindustrialisation du continent

Ce projet vise à rapatrier la fabrication des principes actifs et des médicaments génériques sur le sol européen, afin de garantir une autonomie stratégique face aux crises sanitaires futures.

"La première des réponses, c'est de produire les médicaments sur notre sol français et européen", soulignait le président du principal syndicat de pharmaciens d'officines. "Il faut rapatrier les molécules essentielles sur le sol européen mais il ne faut pas que l'Etat soit naïf là-dessus" a-t-il ajouté.

L'enjeu de cette démarche réside dans la capacité des pays européens à s'unir autour d'un projet commun, mobilisant investissements et innovations pour reconstruire une industrie pharmaceutique indépendante

Renforcer la communication auprès des médecins

La limitation de la prescription d'antibiotiques et l'amélioration de l'information des professionnels de santé sur les alternatives disponibles en cas de rupture de stock font également partie des initiatives envisagées pour optimiser la gestion des ressources médicamenteuses.

"On consomme beaucoup d'antibiotiques en France, trop. Ça pourrait être réduit par de nouveaux process qui demanderaient aux médecins ou aux pharmaciens de vérifier si l'antibiotique est vraiment utile", assure Philippe Besset. "Ce qu'on va faire, ce sont des tests, c'est-à-dire permettre aux médecins de faire des tests avec une petite goutte de sang, afin d'objectiver si la maladie est bien bactérienne", précise-t-il. 

Alors que la France s'engage résolument vers la souveraineté pharmaceutique, l'Europe semble prête à relever le défi. Un projet ambitieux qui devrait garantir l'accès aux soins pour tous les citoyens européens dans les années à venir.



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