Treize opérateurs de bornes de recharge en France ont décidé d'unir leurs forces sous le nom de Charge France. Leur ambition ? Accélérer le développement du réseau de recharge en multipliant par quatre le nombre de bornes rapides d'ici 2028. Un investissement colossal de 4 milliards d'euros est prévu, mais ces entreprises posent une condition : une stabilité réglementaire pour garantir la rentabilité de leurs infrastructures.

Un investissement de 4 milliards pour développer le réseau

Actuellement, la France compte plus de 157 000 bornes de recharge, dont environ 10 % sont des bornes rapides délivrant plus de 100 kW. Charge France, qui regroupe des acteurs majeurs comme Ionity, Electra, Engie Vianeo et Fastned, prévoit d'installer 30 000 nouvelles bornes ultra-rapides. Cet effort vise à rassurer les automobilistes hésitants à passer à l'électrique en raison des difficultés de recharge sur les longs trajets.

Depuis plusieurs années, les opérateurs ont investi plus d'un milliard d'euros dans le réseau, mais l'usage des bornes reste limité. En moyenne, une borne n'est utilisée qu'une fois par jour, ce qui rend leur rentabilité incertaine. En augmentant leur nombre, Charge France espère inverser cette tendance en encourageant davantage d'automobilistes à adopter l'électrique.

Une pression sur le gouvernement

Charge France souhaite que les pouvoirs publics encouragent davantage les ventes de véhicules électriques, notamment via des mesures fiscales incitant les entreprises à électrifier leur flotte. Cette stratégie pourrait avoir un double effet bénéfique :

  • augmenter le nombre de véhicules électriques en circulation, ce qui améliorerait l'usage des bornes et leur rentabilité ;
  • dynamiser le marché de l'occasion en créant une offre plus accessible aux particuliers grâce aux véhicules revendus par les entreprises.

Dans cette optique, Charge France soutient le maintien des objectifs climatiques européens, notamment l'interdiction de la vente des voitures thermiques en 2035 et le respect de la norme CAFE, qui impose aux constructeurs de réduire les émissions moyennes de leurs véhicules sous peine de sanctions.

En parallèle, l'association propose une refonte du dispositif de sanction des constructeurs automobiles. Plutôt que de leur imposer des pénalités en cas de non-respect des quotas de ventes de véhicules électriques, Charge France suggère d'orienter ces fonds vers des aides directes aux particuliers pour l'achat d'un véhicule électrique.

Vers une simplification de l'accès aux bornes pour les automobilistes

Au-delà des investissements financiers, Charge France souhaite aussi améliorer l'expérience utilisateur en facilitant l'accès aux bornes. Aujourd'hui, les conducteurs doivent jongler entre plusieurs cartes de recharge et abonnements pour bénéficier des meilleurs tarifs.

Aurélien de Meaux reconnaît ces irritants et annonce une réflexion sur de nouvelles solutions : "On ne pourra pas imposer des prix uniques, mais on peut réfléchir à des comparatifs et des index pour faciliter leur usage".

Cette initiative pourrait permettre d'uniformiser l'accès aux bornes et d'inciter davantage d'automobilistes à franchir le cap de l'électrique, en leur offrant une meilleure visibilité sur les coûts et la disponibilité des infrastructures.

Cependant, le gouvernement souffle le chaud et le froid sur ces sujets. Alors qu'il vise 66 % de ventes de voitures électriques d'ici 2030, il a récemment décidé de réduire le bonus écologique, ce qui pourrait freiner la demande et compromettre l'équilibre économique du réseau de recharge.



Assurland vous aide à mieux comprendre
l'assurance auto