Après deux années marquées par une crise profonde, le marché immobilier montre des signes encourageants de redémarrage. Une baisse significative des prix combinée à la stabilisation des taux d'intérêt semble relancer les transactions.
Le marché immobilier amorce une reprise progressive
Selon Charles Marinakis, président de Century 21 France, 2025 marque la fin de la correction des prix amorcée en 2022. "L'année a été contrastée. Le marché de l'immobilier ancien a continué de plonger au premier semestre, puis les volumes de vente ont commencé à repartir à la hausse à l'été, et le dernier trimestre affiche une très forte croissance", affirme-t-il. Cette dynamique positive, notamment visible dès le dernier trimestre 2024, s'explique par une amélioration des conditions d'emprunt et une baisse de l'inflation, redonnant du pouvoir d'achat aux ménages.
Néanmoins, les disparités régionales restent importantes. Selon une étude de l'Insee, "un appartement sur dix est vendu à moins de 1 350 euros le mètre carré et un sur dix à plus de 8 240 euros". Ces écarts reflètent les différences entre zones rurales et grandes agglomérations, où les prix élevés restent associés à un meilleur accès à l'emploi et aux infrastructures.
Un redémarrage des ventes et des prix en légère hausse
Les données confirment un redémarrage progressif des transactions. En 2024, Century 21 a enregistré une hausse de 2,8 % de son activité, avec un total de 780 000 ventes en France, soit une baisse modérée de 10 % par rapport à 2023. Les réseaux ORPI (+ 12 % de compromis signés) et Laforêt (+ 7 % de ventes) partagent ce constat.
Les prix, eux, amorcent une stabilisation après une chute marquée ces dernières années. En 2024, les maisons ont vu leur prix reculer de 3,8 % en moyenne et les appartements de 0,7 %. À Paris, le prix moyen du mètre carré a baissé de près de 10 % en deux ans, atteignant 9 321 euros.
Certaines régions enregistrent des baisses plus prononcées, comme l'Auvergne-Rhône-Alpes (- 6,9 %) et les Pays de la Loire (- 5,7 %). En revanche, d'autres, telles que la Bourgogne-Franche-Comté (+ 4,3 %), connaissent une hausse. Pour 2025, les experts anticipent une augmentation modérée des prix, comprise entre 2 et 3 %.
Des conditions d'emprunt plus favorables
Un élément central de cette reprise est l'amélioration des conditions de crédit. En décembre 2024, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé son taux de référence à 3 %, ce qui a contribué à une baisse des taux immobiliers. Ces derniers oscillent désormais entre 3,15 % et 3,37 %.
"Une banque vient même de proposer un taux de 3,15 % pour un prêt sur vingt ans", souligne un courtier immobilier. Cette baisse encourage une forte reprise des demandes de crédit : 50 000 dossiers par mois ont été déposés à l'automne 2024, contre 20 000 en décembre 2023.
Thomas Lefebvre, vice-président de SeLoger, prévoit même que "ces taux pourraient atteindre la barre symbolique des 3 % avant l'été". Une telle évolution renforce le pouvoir d'achat des acquéreurs et facilite l'accès à la propriété.
Des défis à surmonter pour une reprise durable
Malgré ces signaux positifs, des obstacles subsistent. Les vendeurs devront ajuster leurs attentes pour éviter de freiner les transactions. "Si un vendeur constate qu'il a désormais trois visites de son bien par semaine, contre zéro au cours des six mois précédents, il ne va plus baisser son prix", explique Charles Marinakis.
Le contexte économique global reste également incertain. Une crise politique ou des tensions sur la dette souveraine pourraient réduire la solvabilité des ménages et compliquer l'accès au crédit. "Les banques pourraient alors resserrer leurs critères de prêt, ce qui poserait un problème d'accès au crédit", prévient Thomas Lefebvre.
Enfin, bien que les prix aient baissé de manière significative dans certaines zones, ils restent historiquement élevés. Xavier Timbeau, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, souligne : "En tenant compte de l'inflation, les prix réels auront baissé à Paris de 25 % par rapport à 2019, mais ils restent 2,5 fois plus élevés qu'en 1999".

La rédaction d'Assurland