L'Assurance maladie prévoit de réorganiser le service médical autonome de la Sécurité sociale. La réforme, qui intégrerait ce service aux CPAM, fait craindre une dérive comptable des soins.
Une réorganisation controversée de la Sécurité sociale
L'Assurance maladie prévoit de supprimer le service médical autonome de la Sécurité sociale, une décision qui a provoqué une vive opposition chez les professionnels de santé et les syndicats.
Ce service, indépendant des Caisses primaires d'assurance maladie (CPAM), est essentiel pour évaluer les arrêts maladie, les maladies professionnelles et les affections de longue durée.
Sa disparition envisagée et le transfert de ses agents vers les CPAM posent la question de l'indépendance médicale face à une gestion de plus en plus comptable des dépenses de santé.
Cette réforme s'inscrit dans un cadre plus large de rationalisation des coûts, souvent motivée par la lutte contre les arrêts maladie abusifs et l'optimisation des prestations.
L'Assurance maladie, via son directeur général, met en avant la nécessité de mieux contrôler les dépenses, une préoccupation récurrente face à l'augmentation des indemnités journalières et des prises en charge à 100 % pour les affections de longue durée (ALD). Mais pour les syndicats, cette réforme risque d'altérer les fondements mêmes de la Sécurité sociale.
L'indépendance médicale en péril
Le service médical de la Sécurité sociale, composé de médecins-conseils, a jusqu'à présent fonctionné de manière autonome, en dehors de l'autorité directe des CPAM. Cette autonomie permet un contrôle de médecin à médecin, garantissant que les décisions concernant les arrêts maladie et les autres prestations reposent sur des critères purement médicaux.
En intégrant ce service dans les CPAM, ces décisions risquent d'être soumises à des contraintes budgétaires, faisant craindre une perte d'indépendance. Cette perspective inquiète particulièrement les médecins-conseils, qui redoutent une pression croissante pour réduire les dépenses au détriment des patients. Selon eux, le contrôle des arrêts de travail pourrait devenir une opération comptable plutôt qu'une évaluation médicale rigoureuse. Les syndicats dénoncent déjà une attaque contre les assurés sociaux et les professionnels de santé, accusés à tort de multiplier les arrêts maladie abusifs.
Une gestion comptable de la santé ?
Les critiques se concentrent sur l'idée que cette réforme ouvrirait la voie à une gestion des arrêts maladie fondée sur des critères financiers. Les médecins-conseils redoutent une future utilisation d'algorithmes ou de directives strictes pour limiter les prises en charge, sans considération pour la santé des patients.
En effet, placer ces médecins sous la coupe des CPAM, dont les directeurs sont soumis à des objectifs budgétaires, pourrait entraîner des décisions dictées par l'optimisation des coûts.
Cette réforme, qualifiée de "liquidation" par ses opposants, s'inscrit dans un contexte où l'on observe une remise en cause fréquente des droits des assurés. Les arrêts maladie sont de plus en plus souvent stigmatisés comme abusifs, et cette approche comptable pourrait renforcer cette stigmatisation, affectant à la fois les médecins prescripteurs et les patients.
Si certaines réformes du service médical peuvent être nécessaires, les syndicats insistent sur l'importance de maintenir une séparation nette entre contrôle médical et gestion des dépenses publiques.
Au cœur de ce débat, une question se pose : jusqu'où l'État est-il prêt à aller pour réduire les dépenses de santé, et à quel prix pour la qualité des soins ? Alors que la mobilisation syndicale se poursuit, les assurés sociaux et les professionnels de santé redoutent que cette réforme ne marque une nouvelle étape dans la dégradation du système de protection sociale en France.

La rédaction d'Assurland