La santé mentale au travail est devenue une préoccupation majeure. Selon une enquête Odoxa pour GAE Conseil, 49 % des actifs français ont souffert d'un trouble psychique au cours des cinq dernières années. Stress, précarité de l'emploi, surcharge de travail : autant de facteurs qui aggravent ces troubles et qui favorisent les addictions.
Un actif sur deux touché par un trouble de santé mentale
L'étude révèle que la santé mentale des travailleurs est fragilisée : 49 % des actifs ont déjà souffert de troubles psychologiques, contre 38 % des inactifs. Plus largement, 62 % des Français affirment avoir été concernés au moins une fois dans leur vie.
Les femmes et les jeunes sont les plus exposés : 69 % des femmes déclarent avoir souffert d'un trouble de santé mentale au cours de leur vie, contre 54 % des hommes. Plus de la moitié des 18-34 ans ont été concernés au cours des cinq dernières années. Parmi les troubles les plus répandus, l'anxiété (51 %), la dépression (33 %) et le burn-out (25 %) figurent en tête.
Le travail, un facteur déclencheur sous-estimé
Près d'un actif sur deux estime que son travail a un impact sur sa santé mentale. Parmi eux, 37 % citent directement leur emploi (précarité, stress, charge de travail), 25 % pointent du doigt l'équilibre vie professionnelle/vie privée et 7 % attribuent leur trouble au chômage.
Les problèmes de santé mentale au travail sont aussi une des principales causes des arrêts de travail de longue durée, représentant 50 % des cas. Le manque de perspectives et une faible confiance en l'avenir accentuent encore ces difficultés, augmentant de 4,3 % la probabilité de souffrir d'un trouble mental.
Des troubles psychiques souvent liés aux addictions
L'enquête souligne un lien étroit entre troubles de santé mentale et addictions. 51 % des actifs se disent dépendants à au moins une substance ou pratique addictive, contre 37 % des inactifs. Parmi les personnes atteintes d'un trouble psychique, 19 % consomment régulièrement des médicaments psychotropes sans prescription, soit 9,5 fois plus que les personnes non touchées. La consommation de cocaïne et d'autres drogues illicites est également beaucoup plus élevée chez cette population.
Les addictions ne se limitent pas aux substances psychoactives. Une forte consommation des réseaux sociaux, des jeux vidéo ou encore du travail compulsif est également observée chez les personnes concernées par des troubles mentaux récents. "Les conséquences d'une addiction aggravent les troubles de santé mentale, et inversement, ces derniers facilitent l'usage de substances et les comportements à risque", souligne l'étude.
Les employeurs jugés trop passifs face au problème
Face à cette situation, les attentes des salariés sont claires : 79 % estiment que les employeurs ne font pas assez pour accompagner et prévenir ces problèmes de santé.
"Il est nécessaire que les entreprises dépassent simplement ce constat. Il ne s'agit pas d'être alarmiste ou fataliste, il s'agit d'être plutôt dans l'action, dans ce qu'on peut mettre en place", insiste Alexis Peschard, addictologue et consultant en prévention des risques. Former les managers à détecter ces situations et améliorer les conditions de travail sont des premières pistes à explorer.
Si certaines entreprises ont initié des actions de prévention, elles restent minoritaires. Seuls 30 % des salariés déclarent en avoir bénéficié, alors même que les dispositifs existants montrent leur efficacité : 83 % des travailleurs ayant accès à un plan de prévention en santé mentale constatent une amélioration de leur bien-être.

La rédaction d'Assurland